Drame de Clichy-sous-Bois : Le combat pour la justice continu26/09/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/09/une2356.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Drame de Clichy-sous-Bois : Le combat pour la justice continu

Dans le drame de Clichy-sous-Bois, qui s'était traduit en 2005 par la mort de deux adolescents, électrocutés dans un transformateur, et par plusieurs émeutes dans un certain nombre de cités du pays, la cour d'appel de Rennes a décidé de renvoyer devant la justice deux policiers, accusés de non-assistance à personne en danger. Huit ans après, les familles des victimes ont peut-être l'espoir d'entendre les policiers s'expliquer devant un tribunal.

Le 27 octobre 2005, des jeunes rentraient chez eux après un match de foot. De nombreux policiers étaient présents ; coutumiers de contrôles à répétition, les jeunes ont pris peur et se sont enfuis à leur approche. Trois d'entre eux ont pénétré dans un site d'EDF, suscitant la réflexion suivante d'un des policiers, aujourd'hui mis en cause : « S'ils entrent sur le site, je ne donne pas cher de leur peau. » Au lieu d'alerter EDF, les policiers avaient laissé faire. Bouna, 15 ans, et Zyed, 17 ans, y laissèrent leur vie. Le troisième, Muhittin Altun, grièvement brûlé, avait réussi à sortir pour appeler les secours.

Face à la lenteur de la justice, les jeunes proches ou non des victimes ont sans doute le sentiment que la vie des leurs comptait peu et que les policiers pouvaient agir en toute impunité. Seuls deux policiers ont été incriminés en 2007, les autres ont bénéficié du statut de témoins et, depuis huit ans, ces deux policiers sont encore en fonction. On peut remarquer que, lorsqu'un salarié commet une faute grave, il est licencié sur-le-champ. Mais dans ce domaine, comme dans bien d'autres, la police n'est pas logée à la même enseigne.

Pire même, pendant huit ans, après que le ministre de l'Intérieur de l'époque Nicolas Sarkozy eut accusé les victimes et blanchi les policiers, le parquet, c'est-à-dire le représentant de l'État chargé d'instruire l'affaire, n'a eu de cesse de demander le non-lieu pour les policiers. Le procès a été ajourné en 2007, puis en 2011, où un non-lieu avait été prononcé.

C'est bien la ténacité des familles des victimes qui a su imposer à la justice de rompre son inertie. Ces familles ont tenu bon, soutenues par les associations de Clichy-sous-Bois, et ont enfin l'espoir de voir les policiers expliquer leur attitude le soir du drame. Espérons qu'enfin la justice leur soit rendue.

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