Syrie-Israël : De la guerre civile à la guerre tout court ?08/05/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/05/une2336.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Syrie-Israël : De la guerre civile à la guerre tout court ?

Pour la troisième fois en quatre mois l'aviation israélienne a opéré un raid sur la Syrie, détruisant des installations militaires du régime en place et faisant plusieurs dizaines de morts. Une nouvelle fois, le prétexte invoqué par le gouvernement israélien a été la fourniture d'armes par la Syrie au parti Hezbollah libanais et, une nouvelle fois, le président américain Obama a approuvé le bombardement.

Au même moment, alors que de nouvelles images de massacres sortent de Syrie, une fonctionnaire de l'ONU a affirmé que l'opposition syrienne aurait utilisé du gaz sarin contre des populations supposées fidèles au dictateur en place, Bachar al-Assad. L'ONU a rapidement démenti cette déclaration, qui tombait d'autant plus mal que le gouvernement américain a fait récemment savoir que les forces occidentales interviendraient pour armer les rebelles si l'utilisation de gaz de combat par le régime était avérée.

La guerre civile en cours en Syrie cause en tout cas d'innombrables souffrances à la population, prise entre la répression violente et massive du régime d'Assad et une opposition armée dont il est de plus en plus évident qu'elle ne vaut pas mieux. Quant aux dirigeants occidentaux, ils continuent à hésiter sur l'attitude à adopter.

Les États-Unis et les autres puissances impérialistes, dont la France, ne s'inquiètent que de la façon dont leurs intérêts dans la région seront sauvegardés. Pour eux peu importe s'il faut faire surveiller champs pétrolifères, pipe-lines et routes maritimes par les pires dictatures et entourer les peuples de barbelés. Tant que son régime était stable, le dictateur Bachar al-Assad donnait satisfaction de ce point vue, quand bien même il était un allié de l'Iran et de la Russie, et un adversaire, platonique, d'Israël.

Mais il est désormais contesté par des groupes armés, manifestement soutenus par l'Arabie saoudite et le Qatar, par ailleurs alliés fidèles de l'Occident. Malgré des massacres sans nombre, il n'arrive pas à réduire son opposition au silence. Ce facteur de stabilité est donc devenu un facteur d'instabilité. Pour compliquer encore la situation, les groupes armés, loin d'être unis, sont totalement incontrôlables. Ils ne présentent aucune garantie de stabilité pour l'avenir. Enfin, Israël, gardien des intérêts impérialistes dans la région, joue également son propre jeu et se moque bien du sort de la population syrienne, pourvu que ses adversaires, le Hezbollah et l'Iran, derniers alliés de Bachar, soient affaiblis.

Le raid de l'aviation israélienne peut ainsi se comprendre comme un avertissement, voire un test grandeur nature préparé avec l'armée américaine et adressé, au-delà de Bachar al-Assad, à l'Iran et au Hezbollah.

Les peuples de la région semblent ainsi condamnés à subir la botte de l'impérialisme, directement ou par l'intermédiaire des dictatures laïques ou religieuses se combattant entre elles, dans un Moyen-Orient de plus en plus divisé en zones d'influence.

Le meilleur et malheureusement pour l'instant le seul service que peuvent leur rendre les travailleurs d'ici, est de condamner les manoeuvres diplomatiques des gouvernements occidentaux et, surtout, de s'opposer à toute nouvelle intervention militaire, camouflée ou non sous le drapeau de l'ONU. Car ce ne sont pas les incendiaires qui combattront les flammes, comme le démontre amplement la situation en Irak, en Afghanistan ou au Mali.

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