C'est la domination de la bourgeoisie qu'il faut balayer08/05/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/05/une2336.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

C'est la domination de la bourgeoisie qu'il faut balayer

Comme les dizaines de milliers de personnes qui ont manifesté dimanche 5 mai à la Bastille, il y a de quoi être en colère contre la politique du gouvernement Hollande.

Il y a de quoi être révolté de le voir s'aplatir en permanence face au grand patronat et renier ses maigres promesses. Il y a de quoi être écoeuré par sa lâcheté !

Il est rageant aussi de voir comment la politique du gouvernement fait le lit du Front national.

Mais le gouvernement ne changera pas de politique. Alors que des millions de familles ouvrières sont plongées dans la misère, Ayrault a osé dire : « Il n'y a pas d'austérité, c'est une invention de propagande » ! Il n'y a plus rien à demander à ce gouvernement, plus rien à en attendre, si ce n'est de nouvelles attaques, en particulier contre les retraites.

Mais, après Hollande, s'en remettre à Mélenchon serait aller d'illusion en illusion. Mélenchon a beau traiter les ministres de « bande d'incapables » et considérer que Hollande est responsable de la crise, sa seule perspective est de devenir son Premier ministre, avec la même majorité gouvernementale !

Au-delà de la personne de Mélenchon, ce serait une illusion de mettre nos espoirs dans un « bon » gouvernement de gauche. Dans cette période de crise, il ne peut pas y avoir de « bon » gouvernement pour les travailleurs sans déclarer la guerre aux exploiteurs, à leurs profits et à ce qui fonde leur pouvoir, le droit de propriété capitaliste.

Les travailleurs sont confrontés à des problèmes vitaux : leur emploi, leur salaire, leur retraite, leur santé, l'éducation de leurs enfants. L'interdiction des licenciements, l'embauche dans les services publics, l'augmentation des salaires, le contrôle des travailleurs sur les entreprises, sont les seules mesures qui pourraient stopper la dégradation de leurs conditions d'existence.

Si l'on ne veut pas que le poids de la crise retombe sur les classes populaires, il faut faire payer la bourgeoisie, il faut être décidé à combattre et à renverser le mur de l'argent. Seule la force sociale des travailleurs est capable de le faire, à condition qu'elle ne soit pas seulement dirigée contre les sous-fifres de la bourgeoisie qui occupent l'Élysée, mais contre le grand patronat.

La véritable opposition politique n'est pas entre les partisans de l'austérité et ceux de la relance, c'est l'opposition de classe dans la guerre sociale que les exploiteurs mènent contre les travailleurs.

Le combat des travailleurs pour leurs intérêts de classe est la seule façon de faire pièce à l'influence du Front national dans les classes populaires.

L'influence de Le Pen est un poison mortel pour les travailleurs. Si Le Pen arrivait au pouvoir, elle ferait, comme les autres, une politique au service des Arnault, des Bettencourt et des Peugeot, une politique respectueuse du capitalisme et de la domination de la bourgeoisie. Mais elle mènerait cette politique dans sa pire variante autoritaire. Oui, Le Pen est intéressée par les voix des travailleurs et des plus pauvres mais, au pouvoir, elle les ferait marcher à coups de trique.

Mélenchon se pose en rempart contre le Front national. Mais ce n'est pas en brandissant les mots d'ordre de « 6e République » et de « République exemplaire » que Le Pen reculera : c'est un terrain sur lequel tous les démagogues peuvent exceller. Le Pen en premier, car cela n'engage à rien vis-à-vis des travailleurs et cela ne gêne en rien les affaires du patronat.

En admettant d'ailleurs que la corruption des élus et les scandales reculent, en admettant que l'appareil d'État soit plus propre, qu'est-ce-que cela changerait pour les travailleurs ? Que celui qui décide d'augmenter la TVA ou de diminuer les droits à la retraite soit un responsable politique intègre, qu'est-ce que cela changerait ?

Ces mots d'ordre sont de faux objectifs, qui ne peuvent déboucher sur aucun progrès réel pour les exploités. Seule la lutte, les grèves, les occupations d'usine, sur leur terrain de classe, peuvent faire avancer les intérêts des travailleurs. Et il ne s'agit pas que de leurs intérêts, car leurs objectifs correspondent à l'intérêt de l'écrasante majorité de la population, à l'inverse de la politique du gouvernement, qui est au service exclusif des banquiers et du grand patronat.

La lutte des travailleurs pour leurs intérêts vitaux leur donnera confiance en leurs propres forces et leur permettra de faire le tri entre leurs amis, leurs faux amis et leurs pires ennemis.

Les travailleurs deviendront une force politique capable de peser quand ils opposeront, à « l'union nationale » et au poison de la « préférence nationale », la préférence de classe : les travailleurs d'abord ! L'emploi et les salaires d'abord ! Les services publics d'abord ! Les exploités d'abord !

Éditorial des bulletins d'entreprise du 6 mai

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