Dissuasif : Un pétard à 120 millions08/05/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/05/une2336.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Dissuasif : Un pétard à 120 millions

Comme l'a dit un témoin choqué qui assistait, le 5 mai, au tir d'essai raté d'un missile balistique M51, en baie d'Audierne, depuis un sous-marin nucléaire lanceur d'engins (SNLE), « 120 millions partis en fumée, dire que ça aurait pu nourrir des tas de familles qui sont dans la m... »

Heureusement, le missile de 56 tonnes n'était pas chargé, comme s'y engagent les militaires dans le cadre des essais. Mais on frémit de savoir qu'il est conçu pour porter une tête nucléaire d'une puissance de trente-cinq Hiroshima « seulement » et, à terme, de soixante. Et les débris, s'ils n'ont apparemment touché personne dans la zone de tir, sont allés polluer les fonds marins avant que les plongeurs de l'armée ne les repêchent.

Ce tir était censé valider les travaux d'adaptation du sous-marin Le Vigilant à ce joujou de mort de dernière génération. Peut-être devait-il illustrer le chapitre dédié du Livre blanc de la Défense, publié peu avant, où l'on peut notamment trouver cette ode à la « dissuasion » : « De par ses exigences en termes d'efficacité, de fiabilité et de sûreté, la dissuasion nourrit nos efforts de recherche et développement et (...)a aussi un effet d'entraînement sur nos aptitudes technologiques. » Voilà de quoi laisser rêveur...

On pourrait aussi rêver d'un autre usage des crédits affectés au programme M51, estimé par le Sénat à quelque 8 milliards, ainsi qu'au coût annuel de la « dissuasion » nucléaire, budgétée à 3,4 milliards. Pour rester terre à terre, cette « dissuasion » à elle seule permettrait de construire 22 000 logements sociaux au tarif affiché par les organismes HLM. Et sans combler le besoin urgent de plus d'un million de logements, ce serait déjà ça.

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