L'État prêt à céder des participations : Ces privatisations qui ne disent pas leur nom08/05/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/05/une2336.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

L'État prêt à céder des participations : Ces privatisations qui ne disent pas leur nom

Dimanche 5 mai sur TF1, Jean-Marc Ayrault a annoncé que, « dans un certain nombre d'entreprises » dont l'État est actionnaire, le gouvernement envisageait de vendre ses participations « pour financer l'investissement ». Le lendemain, son ministre de l'Économie, Moscovici, se hâtait d'affirmer que « ce n'est pas le retour des privatisations ». Mais on n'est pas obligé de le croire...

De 1997 à 2002, Moscovici n'a-t-il pas été ministre d'un autre gouvernement PS, celui de Lionel Jospin ? Or, ce dernier, après avoir déclaré ne pas entendre mener une politique de privatisations, s'était vanté, lors d'un débat télévisé durant la campagne présidentielle de 2002, d'avoir « plus privatisé en cinq ans que la droite en sept ans ».

Cette fois-là, il ne mentait pas. En effet, Jospin avait privatisé, entre autres, le Crédit lyonnais, la Caisse nationale de prévoyance... Il avait aussi, formule hypocrite, « ouvert le capital » de France Télécom ou d'Air France, pour ne pas dire qu'il les livrait aux appétits du privé.

Aujourd'hui, le gouvernement Ayrault s'apprête à faire de même. L'État détient l'équivalent de 100 milliards d'euros de participations dans diverses entreprises (EDF, 26,9 milliards, GDF, Suez 14,5 milliards, EADS, près de 5 milliards, Safran, Aéroports de Paris, France Télécom, Renault, Thalès, Areva, Air France..., pour ne citer que les plus importantes), dont 62,5 milliards d'euros dans des sociétés cotées en Bourse.

Avant même qu'Ayrault n'évoque publiquement la possibilité de « céder des participations », le gouvernement a déjà commencé à le faire. Ainsi, il vient d'obtenir 448 millions en vendant 3,12 % du capital du groupe aéronautique Safran, dont l'État reste le premier actionnaire avec 27 % du capital.

Bien sûr, le gouvernement ne s'apprête pas à vendre tous ses « bijoux de famille », même si leur valeur estimée correspond au montant du déficit public annuel qu'il peine à combler. Pour vendre, il faut trouver preneur. Certaines entreprises -- celles qui rapportent le plus -- étant plus alléchantes que d'autres pour les capitaux en quête de bonnes affaires, il y a fort à parier que ce sont principalement celles-là dont le gouvernement jettera des parts aux capitaux privés. Mais l'État s'en trouvera appauvri du même coup, car les seules entreprises cotées en Bourse dont il est actionnaire lui rapportent 4,5 milliards de dividendes par an. Qu'il en vende tout ou partie, ce sera autant de moins qui rentrera dans les caisses de l'État. Cela creusera un peu plus à l'avenir les déficits publics qui servent à tous les gouvernements de prétexte pour s'en prendre au niveau de vie des classes laborieuses.

Quand il s'agit de servir la soupe aux capitalistes, le gouvernement sait donc se souvenir que l'État est un actionnaire important et parfois majoritaire de certaines entreprises. En revanche, quand ces mêmes entreprises -- Renault, Air France, France Télécom par exemple -- annoncent des suppressions d'emplois, il se met aux abonnés absents et prétend ne pas pouvoir s'y opposer.

Ayrault refuse de parler d'austérité à propos de sa politique. Il refuse maintenant que l'on parle de privatisation pour qualifier ces nouveaux cadeaux qu'il veut faire aux capitalistes. Peu importent les mots, c'est la réalité qui compte : celle d'une politique tout au service de la bourgeoisie et que les travailleurs doivent combattre.

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