France Télécom : Des dirigeants cyniques et sans scrupules08/05/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/05/une2336.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

France Télécom : Des dirigeants cyniques et sans scrupules

Entre 2008 et 2010, 57 salariés de France Télécom se sont suicidés. Suite à la plainte des syndicats pour harcèlement moral, les trois principaux dirigeants du groupe à l'époque, l'ex-PDG Didier Lombard, son second Louis-Pierre Wenes et l'ex-directeur des ressources humaines Olivier Barberot ont été mis en examen en juillet dernier pour harcèlement moral.

Les documents saisis dans le cadre de cette enquête, et révélés par le journal Le Parisien, confirment aujourd'hui qu'un climat d'insécurité et de méfiance a sciemment été entretenu par la direction autour des salariés pour en faire partir le maximum, au risque de faire craquer certains. Les syndicats ont d'ailleurs demandé à ce que les motifs d'inculpation soient requalifiés en « mise en danger de la vie d'autrui ».

Le compte-rendu d'une réunion de direction tenue en octobre 2006 cite ainsi les propos de Didier Lombard où il explique à ses cadres qu'il va falloir se débarrasser de 22 000 salariés sans faire de plan social : « Il faut qu'on sorte de la position de mère poule... Ce sera un peu plus dirigiste que par le passé... C'est notre seule chance de faire les 22 000. En 2007, je ferai les départs d'une façon ou d'une autre, par la porte ou par la fenêtre. »

Lorsque France Télécom a été transformée en société anonyme en 1996, l'entreprise comptait 160 000 salariés, les deux tiers au moins étant des fonctionnaires théoriquement protégés contre les licenciements. Treize ans plus tard, elle n'en comptait plus que 100 000. Au début, cette réduction d'effectifs fut essentiellement réalisée par des plans de départs en préretraite, mais bientôt la direction passa aux pressions pour obliger certains à quitter volontairement l'entreprise. Les sites furent supprimés dans de nombreuses villes et des réorganisations permanentes lancées pour maintenir les salariés dans l'incertitude quant à leur sort. On ne laissa aux anciens, souvent techniciens, pas d'autre choix que d'être mutés vers des centres d'appels ou des services commerciaux. Les cadres réticents à la nouvelle politique furent mis à l'écart, dans un placard.

En agissant ainsi, les dirigeants de France Télécom savaient qu'ils mettaient en danger certains travailleurs et pourrissaient la vie de tous. Ils s'en moquaient éperdument, comme tous ces patrons qui ferment des usines et licencient sans le moindre souci des conséquences humaines. Ces gens sont dangereux et il faut de toute urgence les empêcher de nuire.

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