C'est, globalement, 4 % de moins que l'an dernier. Avec, d'un patron à l'autre, de grandes différences : si quatorze ont vu leur salaire augmenter (+83 % par exemple pour le PDG de Lafarge) seize l'ont vu baisser (-60 % par exemple pour celui de Bouygues). Les baisses, quand baisse il y a, seraient dues pour l'essentiel non à la partie fixe mais à la partie variable du salaire de ces grands patrons, celle qui est liée aux résultats de l'entreprise.

En fait, ces chiffres ne tiennent pas compte des stock-options, jetons de présence, avantages en nature et autres formes de rémunération qui arrondissent les fins de mois de ces grands patrons. Ces suppléments auraient représenté, en 2012, globalement plus de 42 millions d'euros, portant à 135 millions dans l'année, soit en moyenne plus de 280 000 euros mensuels pour chacun d'entre eux, le montant total de leurs rémunérations.

Jean-Marc Ayrault a annoncé le 20 mars aux députés le dépôt d'un projet de loi pour limiter la rémunération des chefs d'entreprise du privé. Aucune date n'a été fixée, et cela reste à l'état de projet.

Les chiffres, spectaculaires, des salaires des grands patrons sont évidemment choquants. Mais ils ne représentent encore qu'une partie, et même une petite partie, des richesses que ces entreprises tirent de l'exploitation de leurs salariés et qui sont versées à leurs actionnaires

En 2012, les sociétés du CAC 40 ont versé au total à ces actionnaires plus de 40 milliards d'euros sous forme de dividendes et de rachats d'actions, soit 300 fois ce qu'ont touché leurs grands patrons. C'est 5 % de plus qu'en 2011. Ce sont ces milliards prélevés par le capital sur le travail, pour maintenir et même continuer à accroître, malgré voire grâce à la crise, les revenus des classes riches, qui plongent les classes populaires dans la difficulté. Pour la population laborieuse, s'en prendre à ces classes riches et à leurs richesses, cela devient une question de vie ou de mort.