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Leur société
Rémunération des PDG du secteur public : Une mesure symbolique, c'est encore trop
« J'imposerai aux dirigeants des entreprises publiques un écart maximal de rémunérations de un à vingt », avait assuré Hollande dans ses 60 engagements pour la France. Une telle mesure serait de toute façon limitée, car elle laisserait intacts le salaire des PDG du privé et surtout les dividendes des actionnaires. Mais, même symbolique, l'application d'une telle mesure a déjà du plomb dans l'aile.
Selon le syndicat CGT des activités postales et de télécommunication, la question de la rémunération de Jean-Paul Bailly, actuel PDG de La Poste, figurait à l'ordre du jour du conseil d'administration du 11 mai dernier, mais elle a été retirée à la dernière minute. Bailly, percevant 635 974 euros par an, 33 fois le salaire de base, aurait dû renoncer à 40 % de sa rémunération, d'après les chiffres du Parisien.
Une telle baisse n'aurait pas changé la face du monde. Mais même ce mini-changement vient d'être éludé alors que La Poste, transformée en société anonyme en mars 2010, reste pour le moment à capitaux publics. Les représentants des actionnaires à son conseil d'administration sont au nombre de douze : neuf représentent l'État parmi lesquels son PDG, dont le mandat a été renouvelé par le Conseil des ministres de Sarkozy en 2010, et trois la Caisse des dépôts. Autrement dit, ce sont tous de hauts fonctionnaires, qui n'en ont pas moins ignoré une des rares promesses de Hollande.
Il faut dire qu'ils ont été encouragés dans le sens de ne rien faire par Michel Sapin, alors qu'il n'était encore que « chargé du projet présidentiel ». Sapin avait laissé entendre que la promesse de Hollande ne s'appliquerait pas aux dirigeants d'entreprises publiques actuellement aux commandes car, avait-il ajouté, il faut être « humain ». Les travailleurs sont donc avertis que Sapin, aujourd'hui ministre du Travail, est plein de compassion quand il s'agit de préserver la rémunération d'un PDG dont le « travail » a consisté à supprimer des dizaines de milliers d'emplois.
En revanche, pour défendre leurs salaires, les postiers, comme l'ensemble des travailleurs, ont tout intérêt à s'en occuper eux-mêmes, collectivement.