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Leur société
Les pertes grecques du Crédit agricole : Banquier trouvera sauveur
Le métier de banquier est simple, il consiste essentiellement à prêter l'argent qu'on n'a pas. Et il est sans risque, tant que la banque trouve un État prêt à éponger ses dettes et à la renflouer en prenant la place des débiteurs en faillite.
C'est ce que cherche ces jours-ci la banque Emporiki, la filiale grecque du Crédit agricole. La maison mère a mobilisé une armée d'avocats pour convaincre le gouvernement grec qu'Emporiki, bien que filiale d'une société française, a droit elle aussi aux subventions, prêts et refinancements que la Grèce réserve à ses banques. Faute de quoi, Emporiki serait menacée de faillite et le Crédit agricole d'une forte perte.
L'affaire avait pourtant commencé sous les meilleurs auspices bancaires possibles. En 2006, alors que l'argent coulait à flots en Grèce, du moins entre banquiers, gouvernements, promoteurs et margoulins, le Crédit agricole avait acquis Emporiki pour deux petits milliards d'euros. Puis la filiale avait fait son métier en accordant vingt milliards d'euros de prêts à des entreprises, à des particuliers, à l'État, bref à qui voulait prendre son papier. L'argent circulait, les intérêts étaient payés et prenaient le chemin du Crédit agricole et des autres grandes banques. Il faut croire que l'affaire était rentable puisque plus de la moitié des investissements français en Grèce concernaient la banque ou l'assurance.
Mais les arbres ne montent pas jusqu'au ciel. En 2008, la crise a bloqué la circulation financière, arrêté la pompe et, au passage, permis la ruine de l'État grec, puis de la population. Le Crédit agricole qui, n'en doutons pas, a participé à la curée par l'intermédiaire de ses filiales opérant sur les dettes souveraines, se trouve maintenant devant la perspective de voir les 20 milliards d'euros d'Emporiki partir en fumée. Nombre de particuliers sont ruinés et incapables de rembourser leurs crédits, les entreprises sont à l'arrêt, les chantiers inachevés, l'État insolvable. Le Crédit agricole, avec les autres grandes banques internationales, a scié la branche sur laquelle sa filiale était assise. Il est vrai qu'il l'a fait avec profit.
Mais ce qui est une catastrophe pour la population grecque n'en sera pas forcément une pour ses étrangleurs. Car on peut prédire que, si l'État grec refuse de renflouer Emporiki, l'État français acceptera d'aider le Crédit agricole. N'est-il pas là pour ça ?