La cour d'appel de Versailles est revenue le 10 mai sur le jugement rendu en novembre 2010 par le tribunal des affaires de Sécurité sociale, qui exonérait Renault de l'accusation de « faute inexcusable » au sujet du suicide au sein de l'entreprise d'un salarié du Technocentre de Guyancourt, en janvier 2007.

Ce travailleur, technicien informatique, avait déjà tenté de mettre fin à ses jours quelques mois auparavant. Il avait alors été changé de poste, le médecin du travail ayant préconisé un poste moins stressant. Après le suicide, le mois suivant, de trois autres salariés du Technocentre, le parquet de Versailles avait ouvert une enquête qui avait été classée sans suite.

La famille a donc déposé une plainte fondée notamment sur les conclusions d'un rapport qui permettait « d'envisager la qualification de harcèlement institutionnel », caractérisé notamment « par le fait que ce sont les salariés pris individuellement qui devaient gérer les incohérences ou contradictions de l'organisation du travail ».

Mais Renault a continué à dégager sa responsabilité et surtout à appliquer la même politique. Quelques rambardes ont été réhaussées, quelques passerelles bouclées pour empêcher de se jeter dans le vide, mais l'embauche, elle, n'a pas été ouverte et la course toute la journée a continué pour la majorité des salariés. La course au profit, surtout.

Après un premier suicide reconnu en juin 2011 comme accident du travail, cette fois Renault se voit condamné pour la mort de ce travailleur puisque les responsables, d'après le tribunal, « n'ont jamais réellement cherché à améliorer ses conditions de travail et n'ont jamais contrôlé ses horaires de travail ». L'inspection du travail avait en effet évalué ceux-ci en janvier 2007 à 10 à 12 heures par jour !