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- Lutte ouvrière n°2286
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Dans les entreprises
PSA -- Mulhouse : Comment la direction tire profit du chômage partiel
L'usine PSA Mulhouse alterne depuis plusieurs mois les périodes de chômage et les périodes de production élevée, et cette politique engendre des situations de plus en plus aberrantes.
Ainsi, sur la ligne de montage des Citroën C4 et DS4, 850 voitures sont fabriquées chaque jour -- y compris la nuit -- avec des effectifs en baisse. Mais dans le même temps, entre mars et fin juin, 17 jours auront été chômés pour les travailleurs de ces secteurs. C'est donc près de 14 500 véhicules que la direction a choisi de ne pas produire par ces mesures de chômage partiel, en prétextant la nécessité de réduire les stocks pour être au plus près de la « demande commerciale ». Pourtant, il a été imposé aux salariés de l'équipe de nuit une heure supplémentaire, durant trois nuits, pour produire 110 voitures et éponger ainsi les pertes de production dues à un orage... alors que ces mêmes travailleurs seront au chômage les trois nuits suivantes ! De quoi se demander, dans ce contexte, si la foudre qui s'est abattue sur l'usine ce jour-là n'a touché que les installations...
Sur l'autre ligne de montage, où sont fabriquées les Peugeot 206+ et où va être bientôt lancée la 208, la situation est quasi identique. Après dix jours de chômage en mars et avril, il a fallu travailler un samedi matin en mai parce que « le commerce demandait des voitures » -- selon l'expression préférée du patron. Quatre jours plus tard, changement de discours : trois jours de chômage étaient à nouveau annoncés.
Aberrant ? Pas tant que cela. Le patron fait bien ses comptes : ces périodes de chômage entrent dans le dispositif d'APLD (activité partielle de longue durée) qui existe depuis 2009 et qui a été encore amélioré pour les entreprises suite au fameux sommet social de février entre Sarkozy, le Medef et plusieurs syndicats.
En effet, si le salaire est maintenu à un peu plus de 90 % du net lors des jours chômés -- sauf pour les intérimaires, pour qui c'est autant en moins sur la paye -- c'est l'État et l'Unedic qui signent une grande partie du chèque que représentent les salaires versés pendant ces périodes, à hauteur de 7,23 euros dès la première heure chômée. Et, pour être sûr que les patrons ne passent pas à côté de ce cadeau sonnant et trébuchant, le ministère du Travail a mis en place sur son site Internet un simulateur pour calculer immédiatement la ristourne que les entreprises obtiendront de l'État, selon le nombre d'heures de chômage et de salariés.
Quant au maigre « engagement » demandé par l'État à un groupe comme PSA pour bénéficier de cette mesure -- le maintien dans l'emploi des salariés pendant le double de la durée du dispositif d'APLD -- inutile de dire que le patron s'en moque : rien qu'à Mulhouse, plus de 500 intérimaires ont été mis dehors depuis le début de l'année, un plan de départs « volontaires » est toujours en cours pour vider les usines, et surtout des menaces de fermeture pèsent sur plusieurs sites, dont celui d'Aulnay-sous-Bois, en région parisienne.
PSA gagne donc sur tous les tableaux : quand nous travaillons, les installations tournent à plein régime et c'est autant de voitures produites que la direction compte bien vendre ; et quand elle décide de nous mettre au chômage, pas d'inquiétude, l'État est là pour payer.
Cet engrenage bien huilé pourrait se gripper si les travailleurs imposaient leurs intérêts propres : si la production baisse, il faut d'abord répartir le travail entre tous, en travaillant moins vite, moins longtemps, mais tous, et sans toucher au salaire.