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Leur société
Facebook en bourse : Un flop sur fond de spéculation
Ce devait être « l'émission d'actions du siècle » selon les milieux financiers chargés de « vendre » l'opération : le réseau social Facebook, avec ses 901 millions d'utilisateurs, « pesait », disaient-ils, pratiquement autant que l'Inde et son milliard d'habitants.
Il y avait là de quoi faire saliver les investisseurs, autrement dit les spéculateurs. En tout cas, c'est sur quoi misait Mark Zuckerberg, petit génie de 29 ans de l'Internet, cofondateur de Facebook. Et il se faisait fort d'afficher au moins 100 milliards de dollars de capitalisation boursière pour la première cotation du titre.
Pari tenu, grâce aux trois banques d'affaires chargées de placer 421 millions d'actions Facebook dans le public et directement intéressées financièrement, ô combien, au succès de ce lancement boursier. Faut-il s'étonner alors que leurs analystes aient un peu doré la pilule pour appâter les gogos ?
En effet, Facebook ne vend rien ni ne fait payer de droit d'entrée : il ne vit que de la publicité qu'il recueille. Or, il apparaissait que de plus en plus de grandes firmes renonçaient à faire de la publicité sur Facebook, car cela s'avérait peu rentable auprès des utilisateurs de smartphones. Bref, des « informations » du type « un utilisateur de Facebook est valorisé à 116 dollars », comme on en trouvait sur les sites spécialisés ces jours derniers, ne reposait sur rien, sinon sur le crédit que l'on voulait bien leur accorder.
Cela devenait si évident que, quelques heures avant l'introduction de Facebook à la Bourse américaine des valeurs technologiques, le Nasdaq, trois analystes des banques patronnant l'opération firent savoir, mais seulement à de très gros clients, qu'ils révisaient à la baisse leurs prévisions de croissance pour Facebook.
Résultat, alors qu'en attirant des boursicoteurs en masse Facebook avait levé 25 % de capitaux en plus que prévu, dès le lendemain, son action perdait 11 %, puis 8,9 % le surlendemain. Et ce n'est peut-être pas fini.
D'habitude, les bulles spéculatives mettent plus de temps à se dégonfler. Là, quelques heures ont suffi pour que des spéculateurs, d'abord ravis, s'en mordent les doigts. Ainsi va le monde capitaliste où le vent peut, un jour, peser plus lourd que l'or et, le lendemain, plus grand-chose. Que certains y perdent leurs illusions, et leurs espoirs de gains rapides, ne serait pas grave si ce n'était toute la machine économique et financière mondiale, et finalement la société, qui dépendent de plus en plus de ce genre d'opérations spéculatives.