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- Lutte ouvrière n°2286
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Haïti : Sur fond de dégradation des conditions de vie des classes pauvres, Une année de duperies
Dans le dernier numéro de leur journal La Voix des travailleurs, daté du 18 mai 2012, nos camarades de l'Organisation des travailleurs révolutionnaires (OTR) dressent le bilan d'un an de pouvoir du nouveau président, Michel Martelly. Nous en citons ci-après quelques extraits.
« Pour Michel Martelly, l'heure est au bilan après une année passée au pouvoir. Le chef de l'État s'est donné un satisfecit en fait de réalisations pendant ces douze mois et s'est même attribué une note : 8/10. Presque parfait !
Alors que le président sablait le champagne avec son équipe de grands mangeurs, ce 14 mai, à l'occasion du premier anniversaire de son accession au pouvoir, des manifestants en colère devant le Palais national prenaient le contre-pied de sa propagande mensongère sur le bilan positif de sa première année de gouvernance. C'est ainsi qu'aux côtés des partisans de Michel Martelly, plusieurs centaines de manifestants criaient : « Président, on a faim, on a faim ! ». (...)
Aucun des problèmes de la population pauvre n'a été abordé avec sérieux par le pouvoir de Martelly, marqué pendant ces douze premiers mois par des conflits de toutes sortes dus à l'arrogance du président, par des déplacements fréquents et inutiles du chef de l'État à l'étranger en avion privé, par la ruée d'une nouvelle meute de grands mangeurs sur les caisses publiques, par le prélèvement de taxes sur les couches les plus pauvres via les transferts d'argent de la diaspora et les appels téléphoniques internationaux, et surtout par la propagande et des mensonges de toutes sortes pour berner la population pauvre.
Le Programme de scolarisation universelle, gratuite et obligatoire (Psugo) (...) est selon le chef de l'État le point fort de son bilan. Environ un million d'élèves seraient allés à l'école grâce à ce programme, qui coûte cette année 52 millions de dollars américains à l'État haïtien. Mais une enquête de l'Initiative de la société civile (ISC) vient de révéler des magouilles de toutes sortes qui entachent ce programme.
Par exemple sur les 64 écoles faisant l'objet de cette enquête, « 19 qui figurent sur la liste des écoles du Psugo publiée sur le site ne participent pas réellement au programme », a déclaré le responsable de l'ISC. Pourtant les virements bancaires ont bien été effectués sur les comptes de ces écoles, les retraits également, à l'insu des responsables de ces établissements.
Autre exemple, des écoles qui détiennent leur licence de fonctionnement soumettent des listes de classes, mais n'ont pas de local. Leurs responsables reçoivent néanmoins leur subvention comme toutes les autres écoles, avec la complicité des décideurs du Psugo. Alors combien de ces 52 millions iront vraiment à la scolarisation des enfants ? Est-ce que la part du lion de cette somme n'atterrira pas dans les comptes en banque des grands mangeurs de l'équipe de Martelly, avides de s'enrichir avant la fin du mandat de ce dernier ? (...)
Le chef de l'État (...) s'est lancé dans une série d'actions cosmétiques, comme la distribution de motocyclettes, et ne s'est pas gêné pour inscrire dans son bilan insignifiant les actions des ONG et les ouvrages initiés par le gouvernement précédent. (...)
Les problèmes auxquels sont confrontées les classes pauvres restent entiers. Le chômage va crescendo, les prix des produits de consommation courante sont en hausse continue, le coût du logement flambe, l'insécurité bat son plein, dans la capitale notamment, les premières averses de la saison pluvieuse entraînent des pertes considérables en vies humaines, les populations mal logées sont dans la tourmente à chaque intempérie.
Le président est pourtant content de lui et fier de son bilan.
Les manifestants du 14 mai devant le Palais national avaient bien raison de cracher leur colère face à un président cynique et sans scrupule. Il y a de quoi être révolté ! Par cette mobilisation, les manifestants ont indiqué le chemin à suivre pour contraindre les maîtres du pays, les classes possédantes, ainsi que leurs serviteurs au pouvoir, à satisfaire les revendications des classes pauvres. (...) »