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Afghanistan : Un retrait des troupes françaises qui n'est pas un changement de politique
L'annonce par François Hollande de sa décision de retirer les troupes françaises d'Afghanistan d'ici à la fin de l'année 2012 -- au lieu de 2013 comme l'avait décidé Sarkozy -- n'a en fait guère posé de difficultés au sommet de l'OTAN auquel il participait les 20 et 21 mai à Chicago.
La France intervient militairement en Afghanistan aux côtés des États-Unis depuis le début de la guerre, en 2001. À l'époque, Chirac occupait l'Elysée et Lionel Jospin était chef du gouvernement. Elle y maintient actuellement encore environ 3 300 soldats et 150 gendarmes, ce qui ne représente que 3 % des effectifs de l'OTAN sur place.
Hollande a précisé qu'il s'agissait, non de retirer la totalité des troupes françaises, mais, nuance, les seules troupes de combat. Resteraient donc sur place après 2012, en principe, un contingent chargé de la formation des forces armées afghanes censées les remplacer et d'organiser le rapatriement en France du matériel, plus les troupes de combat nécessaires pour assurer leur sécurité. Cela pourrait nécessiter le maintien d'une présence militaire pour quelques années encore dans des endroits, pour des missions et pour un effectif qui restent à définir.
Par ailleurs, à titre de compensation en quelque sorte vis-à-vis de ses interlocuteurs américains, et pour les rassurer quant à sa solidarité avec leurs objectifs, Hollande se serait déclaré prêt à envisager une « contribution différente » de la France. Elle pourrait par exemple prendre la forme d'une participation au soutien financier du gouvernement afghan après le départ du gros des troupes occidentales et le transfert de leurs attributions aux forces afghanes, fixés en principe à 2014.
La décision de Hollande s'inscrit en fait dans le cadre d'un mouvement général et progressif de retrait des troupes d'Afghanistan. La Hollande a retiré ses troupes en 2010 et le Canada en 2011. Les États-Unis ont déjà rapatrié 10 000 hommes en 2011 et doivent en rapatrier en principe plus de 20 000 d'ici le mois d'août.
Comme on voit, il n'y a donc là aucun tournant dans la politique d'intervention militaire de l'impérialisme français, et ses alliés au sein de l'OTAN l'ont bien compris. Il reste l'annonce du retrait, qui est surtout destinée au public français, ce qui peut être toujours utile en période d'élections, même si, en fait, la page de la guerre d'Afghanistan est loin d'être tournée, y compris pour les troupes françaises.