Licenciements « boursiers » ou licenciements tout court : Où est la différence ?23/05/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/05/une2286.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Licenciements « boursiers » ou licenciements tout court : Où est la différence ?

Sur France Info le 22 mai, Benoît Hamon, qui vient d'être bombardé ministre-délégué de l'Économie sociale et solidaire et dont on a bien du mal à cerner les attributions, a expliqué comme son collègue Arnaud Montebourg que le nouveau gouvernement sera impuissant à s'opposer aux fermetures d'entreprises en fin de course, c'est-à-dire celles qui ne trouvent pas de marché pour leurs marchandises.

Tant pis donc pour les salariés. Ils devront se reconvertir et l'État, a-t-il ajouté, aidera à cette reconversion. Mais dans ce cas, qu'est ce qui changerait par rapport à la situation actuelle ? C'est une autre façon de déclarer son impuissance face aux plans sociaux annoncés.

En revanche, le gouvernement s'opposera fermement, a dit Benoît Hamon, à toutes les suppressions d'emplois qui seraient dues à des calculs spéculatifs, c'est-à-dire aux « licenciements boursiers », pour reprendre le vocabulaire pratiqué au sein du Parti socialiste, du Parti communiste et du Parti de gauche. Comment ? En refusant qu'une entreprise qui voudrait mettre la clef sous la porte s'oppose à l'arrivée d'un repreneur.

Il y a de quoi se montrer perplexe devant une telle mesure. Si on prend les cas qui ont défrayé la chronique sociale, en quoi une telle mesure aurait-elle pu éviter que Continental Clairoix, dans l'Oise, ferme ses portes, ou pourrait-elle éviter que Citroën ferme demain son usine d'Aulnay, ou bien encore que Mittal décide d'éteindre ses hauts fourneaux de Florange ? Qui sont ces mystérieux repreneurs évincés ? Sans compter que, même s'il s'en présentait, cela n'empêcherait nullement les suppressions d'emplois. Aucune des entreprises « reprises » ne l'a été sans suppressions d'emplois. C'est même le plus souvent une des conditions de la reprise.

Quant à la différence qui est faite entre des licenciements économiques et des licenciements dits « boursiers », elle est d'autant plus artificielle que tous les capitalistes, quand ils décident de fermer une usine ou de transférer une production, avancent des raisons économiques qui s'inscrivent dans la logique du marché. Or les notables du PS acceptent cette logique-là, Benoît Hamon l'a rappelé dans son interview.

Sans vouloir faire de procès d'intention, le nouveau gouvernement annonce en fait dès aujourd'hui qu'il ne fera pas autre chose, en matière d'emploi, que ses prédécesseurs.

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