Fonderie du Poitou Aluminium -- Ingrandes (Vienne) : Pour les salaires et l'emploi Il a fallu se battre sur tout23/05/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/05/une2286.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Fonderie du Poitou Aluminium -- Ingrandes (Vienne) : Pour les salaires et l'emploi Il a fallu se battre sur tout

Au terme d'un dernier bras de fer sur le contenu du PSE (plan de « sauvegarde » de l'emploi) imposé par Saint-Jean Industries, le repreneur de la fonderie, la page ouverte voici dix mois par la violente attaque sur les salaires tentée par le propriétaire d'alors, le groupe Montupet, est en passe de se refermer à la Fonderie du Poitou Aluminum.

Après plusieurs mois d'administration judiciaire à la suite de la mise en cessation de paiement de Montupet, Saint-Jean Industries avait en effet assorti sa proposition de reprise d'un plan de suppression d'une soixantaine d'emplois. Pour peu que les patrons, et en particulier Renault, le donneur d'ordres quasi exclusif de la fonderie depuis sa création il y a plus de trente ans, acceptent de financer une prime de licenciement supra-légale un tant soit peu conséquente, bien des travailleurs étaient disposés à quitter la fonderie. Mais Renault, qui avait évoqué le versement d'une somme équivalant à 66 000 euros par salarié, revenait brutalement sur ses promesses, quelques jours avant que ne s'enclenche le processus du PSE : il entendait ne verser que 13 000 euros de prime supra-légale.

Il fallut une grève de 24 heures début mai, puis la menace de nouvelles actions, pour que Renault s'engage finalement à verser une prime de 30 000 euros brut. Sur cette base, 130 travailleurs se portèrent volontaires au départ. Mais les fondeurs n'en avaient pas encore fini ! Pour définir le public « éligible » au PSE, les administrateurs judiciaires et les représentants de Saint-Jean Industries avaient en effet concocté avec les syndicalistes un système alambiqué à base de critères professionnels, délimitant des groupes restreints et non interchangeables au sein de chaque catégorie. Résultat : alors que 75 volontaires au départ -- des anciens ou des plus jeunes ayant des projets de reconversion -- se voyaient contraints de rester, sept travailleurs se retrouvaient licenciés malgré eux ! Il fallut, une fois encore, taper du poing sur la table pour que finalement Saint-Jean renonce aux sept licenciements.

Ce sont donc cinquante-trois travailleurs qui quittent la fonderie au lieu des soixante prévus. Beaucoup parmi eux, avec une ancienneté d'une trentaine d'années, partiront -- prime légale comprise -- avec quelque 50 000 euros. C'est insuffisant, bien sûr, pour écarter toute inquiétude en attendant la retraite ou un hypothétique nouvel emploi. Mais ces travailleurs ont estimé que c'était tout de même assez pour en finir avec le dur labeur de la fonderie et pour voir venir.

Au terme de cette période de dix mois marquée par une grève de huit semaines et de multiples actions, ceux qui partent comme ceux qui restent se sont forgé une solide conviction : le maintien de leurs salaires que l'ancien patron, Montupet, voulait baisser de 25 %, tout comme la sauvegarde de 400 de leurs emplois, c'est à leur lutte, et à elle seule, qu'ils les doivent. Dans les mois qui viennent, cette expérience risque bien de leur être indispensable.

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