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Éducation nationale : Les inspecteurs généraux alertent le ministre... qui se déclare satisfait
Deux semaines à peine après la rentrée scolaire, un rapport de la plus haute instance de l'Éducation nationale, l'Inspection générale de l'administration de l'Éducation nationale et de la recherche, a été dévoilé dans la presse.
Publiée en juillet dernier et destinée au ministre, cette synthèse de la situation de l'école dans les différentes académies et de la préparation de l'année en cours ne fait pas preuve, c'est le moins qu'on puisse dire, d'un optimisme rassurant. Si les conditions de la rentrée de septembre sont jugées correctes dans les écoles primaires, en raison d'un nombre suffisant d'instituteurs - ce qui n'empêche pas les fermetures de classes pour cause d'économies -, les rapporteurs décrivent dans les collèges et lycées une « situation déjà difficile » et des « tensions prévisibles » directement liées à la suppression en quelques années de dizaines de milliers de postes d'enseignants. Les académies « doivent accueillir 25 000 élèves en plus avec l'équivalent de trois ou quatre mille emplois en moins ». Et encore, précisent-ils, les conséquences de la suppression de 16 000 emplois lors de cette rentrée restent limitées puisque la majorité de ces postes étaient réservés à des jeunes enseignants stagiaires, venant de réussir le concours de recrutement, qui n'assuraient que quelques heures de cours, le restant étant consacré à la formation.
Et si le rapport prévoit qu'il sera difficile de suppléer aux absences d'enseignants dans les collèges et lycées, 4 000 postes de remplaçants ayant été supprimés, il signale que les années à venir, à commencer par la rentrée 2011, risquent d'être encore plus problématiques. Le constat de cette précarité organisée et des solutions bancales adoptées pour que les élèves soient tant bien que mal dotés d'un professeur recoupent ce qu'on peut lire dans nombre de tracts syndicaux : heures supplémentaires distribuées à des enseignants qui saturent, semaines passées à faire la navette entre deux ou trois établissements, recrutements tardifs de salariés sous contrat, moins coûteux que les fonctionnaires... Ajoutons pour faire bonne mesure l'absence de formation pour les lauréats des concours, la situation inextricable des services administratifs départementaux de certaines petites structures académiques, qui ne peuvent plus assurer complètement le standard téléphonique ni une permanence pendant les vacances scolaires, ainsi que la fonte des crédits qui bloque déjà un peu partout le fonctionnement de la machine.
Interrogé peu après la publication du rapport, le ministre continue d'afficher sa satisfaction béate. Tout va très bien, ce rapport vieux de trois mois était seulement destiné à alerter ses services, mission accomplie, les problèmes ont été réglés : quelques petites directives par-ci, un beau discours de rentrée complètement ignoré des intéressés par-là. Quant à l'avenir proche, avec plus d'élèves attendus et moins d'enseignants, il ne suscite chez Luc Chatel que sarcasmes à l'encontre des inquiétudes pourtant bien fondées du personnel de l'éducation.
Rien ne saurait mieux lui répondre qu'une présence importante de ce dernier, en tant que salariés et en tant qu'éducateurs, dans les futures mobilisations, comme cela a déjà été le cas partout le 7 septembre.