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Leur société
Cadeaux fiscaux : Le faux prétexte des aides à l'emploi
Le gouvernement justifie les cadeaux fiscaux qu'il accorde aux entreprises (et aussi aux particuliers) par le fait qu'ils seraient « créateurs d'emplois ». L'augmentation continuelle du chômage prouverait à elle seule que cet argument est du pipeau. Mais voici deux exemples, pour lesquels des chiffres ont été publiés, qui montrent s'il en était besoin que niches (fiscales) rime bien avec riches, mais pas avec emploi.
LES SERVICES A LA PERSONNE
Les services à la personne sont défiscalisés à hauteur de 50 %. Depuis le plan Borloo de 2005, cette catégorie regroupe une quantité d'activités diverses, depuis les employés de maison et l'aide aux personnes âgées jusqu'à l'assistance informatique ou la garde d'animaux domestiques. Borloo avait alors parlé de la création de 500 000 emplois « non délocalisables » sur trois ans.
Or seuls 82 000 emplois ont été créés de 2006 à 2008, parmi lesquels se trouve la régularisation de travailleurs auparavant embauchés au noir. Selon la direction générale du Trésor, une partie des 5,8 milliards d'euros que coûte cette mesure « a été consacrée à subventionner des emplois existants » et n'a eu qu'un « faible impact » sur la création d'emplois. Elle constate aussi que ces aides ne bénéficient qu'aux plus fortunés : seuls 7 % des ménages, ceux qui ont les revenus les plus élevés, font appel à ces services, et pour 90 % des foyers les moins riches « la consommation des services à la personne est très faible, voire pratiquement nulle ».
On ne prête qu'aux riches, dit un adage. Le gouvernement fait plus : il leur donne de l'argent.
BAISSE DE LA TVA
Il y a un an, le gouvernement abaissait le taux de la TVÀ pour les cafetiers et restaurateurs, le faisant passer de 19,6 à 5,5 %. Selon sa propagande, cette mesure était supposée favoriser l'embauche dans le secteur, en même temps qu'elle profiterait aux consommateurs.
Une partie des cafetiers et restaurateurs ont joué le jeu, en abaissant certains de leurs prix, en augmentant leurs employés ou même en embauchant en CDI des salariés qui étaient sous contrat précaire. Mais dans l'ensemble, le nombre d'emplois est resté stable.
En un an, 29 500 emplois ont été créés dans la profession. Mais comme 14 000 avaient été détruits l'année précédente, cela revient à une moyenne d'environ 16 000 créations d'emploi par an, soit un nombre identique à ce qu'il était avant la baisse de la TVA.
Les 3 milliards annuels de manque à gagner pour l'État que représente cette mesure ont plus soutenu les revenus des patrons de la restauration, en particulier ceux dont les notes sont salées, que l'emploi.