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Espagne : Après la proposition de cessez-le-feu d'ETA, la fin de non-recevoir de Zapatero
Vendredi 10 septembre le président du gouvernement espagnol, José Luis Zapatero, a rejeté la proposition de cessez-le-feu des nationalistes basques d'ETA en soulignant que « la seule décision qui vaille est l'abandon des armes pour toujours ».
C'est donc, pour le moment, une fin de non-recevoir alors que les représentants d'ETA (Euskadi Ta Askatasuna, « Pays basque et liberté ») ont déclaré dans une vidéo diffusée le 5 septembre qu'ils avaient décidé de « ne plus mener d'actions armées » pour l'indépendance du Pays basque. Et ETA avait ajouté : « Si le gouvernement espagnol en a la volonté, ETA est disposé (...) à convenir de conditions démocratiques minimales pour entamer le processus » de négociations. Le ministre de l'Intérieur a renchéri derrière Zapatero, assurant que la politique sécuritaire contre toute la mouvance d'ETA ne bougerait « pas d'un iota ».
Joignant les actes à la parole, la justice espagnole a interdit samedi 11 septembre une manifestation à Bilbao en faveur du mouvement politique interdit Batasuna (« Unité »), lié à ETA et illégal depuis 2003. L'important dispositif policier mis en place n'a cependant pas dissuadé quelque 400 manifestants de protester.
La déclaration d'ETA faisait suite à deux appels lancés par deux partis indépendantistes basques, dont Batasuna, l'appelant à décréter « un cessez-le-feu internationalement vérifiable ». En effet il y aura en 2011 des élections municipales auxquelles l'aile radicale des nationalistes basques souhaiterait pouvoir participer, quitte à annoncer en contrepartie l'arrêt de la lutte armée.
Evidemment, ce n'est pas la première fois qu'ETA annonce une trêve, dont nul ne peut dire combien de temps elle peut durer. Sa politique d'attentats, souvent aveugles, est odieuse et mène à l'impasse. Il reste que le problème basque continue de se poser, comme un fruit pourri de la dictature franquiste que l'Espagne a connue pendant quarante ans. La droite espagnole, qui en est largement l'héritière politique, reste profondément hostile à tout compromis avec les nationalistes basques, qui pour elle ne sont rien d'autre que des criminels.
Depuis la fin de la dictature, il y a plus de trente ans, un statut d'autonomie a été reconnu au Pays basque, comme en Catalogne ou dans d'autres régions. Mais, imposé d'en haut par l'État espagnol, il n'a jamais tout à fait satisfait les aspirations de la population basque. À chaque scrutin où les indépendantistes ont pu se présenter, il s'est toujours trouvé de 10 à 15 % d'électeurs pour voter pour eux. Avant d'être élu, le socialiste Zapatero avait laissé entendre qu'il chercherait à négocier la fin de ce conflit mais, après la rupture de la dernière trêve en 2006, il a épousé l'attitude de ses prédécesseurs, qui n'ont jamais eu le courage politique de s'opposer à la droite sur ce point.
Et tant pis, à leurs yeux, si le prix à payer peut être la poursuite des attentats aveugles et de l'emprisonnement de centaines de prisonniers basques qui croupissent en prison, très loin de leur famille, parfois pour des crimes de sang mais souvent pour des peccadilles.