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Dans les entreprises
Continental Toulouse-Foix-Boussens : Le chantage de la direction ne passe pas
Les salariés de Continental Midi-Pyrénées (Toulouse-Foix-Boussens, 2 500 salariés) étaient appelés le 13 septembre à dire s'ils étaient « pour ou contre l'accord de maintien de l'emploi ».
Cet accord prévoit de réduire de 8 % la masse salariale par le blocage des salaires, l'augmentation du temps de travail, la suppression de jours de RTT et la diminution de primes dont l'intéressement, avec à la clé un chantage ouvert aux licenciements si ce plan était repoussé. Et ce alors que les usines de Midi-Pyrénées ont dégagé 39 millions d'euros de bénéfice en 2009, en dégageront plus de 50 en 2010 et en prévoient tout autant en 2011.
Cet accord serait la condition pour que l'emploi soit préservé jusqu'en 2015, dit la direction ! En réalité, il ne s'agit que d'un chantage méprisable et d'un marché de dupes.
Les syndicats CGT et CFDT, majoritaires dans l'entreprise, ont appelé à boycotter cette consultation bidon et prévenu que, quel que soit le résultat, ils ne signeraient pas cet accord et s'y opposeraient. Ils ont aussi appelé à un meeting de lutte le jour même de cette consultation, en invitant deux membres du Comité de lutte de Continental Clairoix, des syndicalistes allemands et espagnols du groupe Continental, et un syndicaliste de la CGT General Motors de Strasbourg.
Parmi les autres syndicats, pas un ne s'est dévoué pour aider la direction à organiser sa mascarade : mieux, un seul (la CGC) a trouvé le courage d'appeler à voter oui, les autres (CFTC, FO) ne donnant aucune consigne de vote !
Toute la semaine, les pressions se sont multipliées sur les salariés : réunion de service sur réunion de service, passage des chefs sur les postes de travail pour pousser à voter, rien n'a manqué... jusqu'au passage des chefs sur les postes le jour même du scrutin !
Eh bien, malgré toutes ces tentatives d'intimidation, ce sont plus de quatre cents salariés, dont des délégations de Foix et Boussens, qui se sont retrouvés à ce meeting, pour écouter les dirigeants CGT et CFDT dénoncer le chantage patronal et les profits de Continental. Une ouvrière de Foix rappelait : « Cela fait des années qu'on nous impose des sacrifices à nous les ouvriers, par le travail en équipe, les cadences, la qualité à assurer. Et pour nous remercier de s'être usés au travail, on nous demande des sacrifices supplémentaires ? C'est une honte ! »
Les autres orateurs invités ont fait part de leur soutien total aux salariés qui refusent de céder au chantage à l'emploi qu'eux-mêmes ont vécu dans leur entreprise. Leurs interventions ont été très applaudies, surtout quand les uns et les autres ont parlé de la nécessaire solidarité entre les travailleurs, par-delà les usines ou les frontières. D'autres délégations d'usines de l'agglomération toulousaine étaient présentes : Freescale, l'usine voisine qui est vouée à la fermeture par son patron ; Thales, Astrium, Airbus, Technal, Labinal, Liebherr, ce qui faisait bien une centaine de travailleurs de plus.
Ce meeting a donc été un succès pour les opposants à la politique du patron. Les résultats de la consultation ont montré que 57 % des 2 500 salariés n'avaient pas approuvé le plan, en votant « non » ou en refusant de cautionner cette mascarade. La direction torture les chiffres et invoque une prétendue majorité, alors que c'est près de deux travailleurs sur trois qui ne l'ont pas suivie, et malgré les pressions et l'intoxication de la maîtrise aux ordres. Méthode de voyou sans aucun doute ! Et, comme l'affirme Xavier Mathieu dans un communiqué du Comité de lutte de Continental Clairoix au sujet de cette nouvelle intox patronale : « Comment faire confiance à ces escrocs avérés qui nous avaient promis à nous, les 1 120 salariés de Clairoix, que notre emploi était garanti, pour nous jeter à la rue dix-huit mois plus tard ? »
Alors, pour les deux syndicats majoritaires (CGT et CFDT), comme pour la majorité des travailleurs, « peu importe l'interprétation du vote par le patron, on ne cédera jamais au chantage ».
C'est donc un revers pour la direction, mais qui n'évitera pas les combats à venir, car elle ne s'en tiendra pas là. La lutte continue donc !