États-Unis : Quelle réforme pour le système de santé ?13/11/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/11/une2154.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : Quelle réforme pour le système de santé ?

Le journal The Spark, bimensuel trotskyste américain, analyse dans son numéro du 9 novembre les grandes lignes de la « réforme du système de santé » voulue par Obama comme la grande affaire de son mandat.

Le projet des Démocrates de « réformer » le système de santé fait son chemin lentement et avec difficulté à travers les arcanes du Congrès américain : une version a été adoptée par la commission de Finances du Sénat, une autre version a été adoptée par la commission de la Santé du Sénat, enfin une troisième version vient d'être adoptée de justesse par la Chambre des représentants.

Le système de santé américain a certainement besoin d'une réforme d'ampleur. Les États-Unis dépensent deux fois plus par personne que bien d'autres pays, tout en offrant beaucoup moins de soins médicaux. 47 millions de personnes sont laissées sans couverture médicale et 168 autres millions ont une couverture notoirement insuffisante, ce qui signifie qu'en cas de maladie grave ou d'opération toutes leurs économies peuvent y passer. D'ailleurs beaucoup se retrouvent en faillite à cause de leurs frais médicaux, tout en ayant une assurance médicale !

En quoi consiste donc la réforme ? Les détails ne sont pas encore arrêtés puisqu'il n'y a même pas de projet unique prêt à être adopté par les deux Assemblées. Mais les grandes lignes de la réforme, figurant dans les différents projets, ne changeront pas.

La disposition la plus importante est l'obligation faite à chacun d'avoir une assurance médicale. Soit on en a une fournie par son employeur qui la contracte lui-même auprès d'un assureur privé, soit il faut s'en acheter une, faute de quoi on est redevable d'une amende à payer chaque année. Dans le projet du Sénat, cette amende se monte à 1 500 dollars par an pour une famille.

On peut être dispensé de l'amende si on ne trouve pas de police d'assurance dont le prix soit inférieur à 8 ou 12 % de son salaire brut. Mais dans ce cas on n'a toujours pas de couverture maladie.

Si on réussit à trouver une police dont les primes soient parmi les moins élevées - autour de 3 000 à 4 000 dollars par an pour une famille -, il faut alors payer de grosses franchises et un pourcentage non négligeable des frais médicaux est laissé à la charge du malade. Enfin, ces assurances dites bon marché ne couvrent pas tous les risques.

Les projets de loi ne comportent rien qui puisse mettre un frein à l'envolée des prix des actes médicaux.

Ceux qui ont un revenu proche du seuil de pauvreté peuvent être pris en charge par Medicaid, l'assurance publique pour les pauvres. Le seuil de pauvreté est de 11 000 dollars pour une personne seule (7 300 euros) et de 22 000 dollars pour une famille de quatre personnes. Mais le fait d'être assuré par Medicaid ne veut pas dire que l'on peut se faire soigner ! Cette « réforme » n'oblige aucun médecin, hôpital ou laboratoire à accueillir les personnes qui sont assurées par Medicaid. Aujourd'hui, moins d'un tiers des généralistes et moins d'un tiers des gynécologues obstétriciens acceptent de recevoir les patients assurés par Medicaid. Seulement environ un quart des dentistes les acceptent. Pour faire des économies, certains États ont éliminé des risques couverts par Medicaid les soins dentaires, les maladies oculaires, les lunettes, les troubles de l'ouïe et tout ce qui relève de la podologie. Le projet de loi de la Chambre des représentants autorise même les États à faire participer les bénéficiaires de Medicaid aux frais médicaux à hauteur de 20 % des factures !

Les personnes dont le revenu est inférieur à 400 % du seuil de pauvreté peuvent obtenir un crédit d'impôt pour payer leur assurance. Mais ce crédit d'impôt ne paye qu'une partie de la moins chère des primes, et il faut attendre l'année suivante pour que les impôts reversent la somme promise, à condition qu'on leur en ait fait la demande.

Les services du Budget du Congrès estiment que la version vraisemblablement la plus proche du projet définitif laissera encore 25 millions de personnes sans aucune assurance.

Quant aux168 millions de personnes dont l'assurance médicale n'offre qu'une couverture médicale dérisoire, elles auront toujours la même assurance complètement inadéquate ! Rien dans les projets de loi ne concerne même cette question.

Et ils ont le culot d'appeler cela une « réforme » !

Partager