Chaffoteaux - Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor) : Bilan de la lutte contre les licenciements13/11/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/11/une2154.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Chaffoteaux - Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor) : Bilan de la lutte contre les licenciements

Après plus de quatre mois et demi de lutte contre 206 licenciements, l'occupation de l'usine a pris fin le jeudi 5 novembre. Les travailleurs ont accepté, par 154 voix contre 22, le « plan social » de la direction.

Celui-ci prévoit des mesures de congés de reclassement pour tout le personnel payés à 90 % du salaire net. Cela va de 9 à 12 mois pour les plus jeunes, accompagnés de mesures de formation. Pour les plus âgés, les congés de reclassement sont portés de 4 à 22 mois. Au-delà de ces 22 mois, un complément de salaire sera versé, pour atteindre un revenu équivalant à 90 % du salaire antérieur jusqu'à la date de prise en charge de la préretraite amiante. Certains salariés percevront ce revenu jusqu'à fin 2014. Quatre-vingt-un salariés trouvent avec cette mesure de préretraite maison une solution qui les dispense de chercher un emploi.

La mutuelle et la prévoyance sont acquises pour 26 mois minimum pour les plus jeunes et jusqu'à fin 2014 pour les plus âgés.

Une prime de 25 000 euros pour tous est acquise pour toutes les catégories professionnelles, indépendamment de l'âge ou de la qualification. Cette prime s'ajoutera aux indemnités légales de licenciement. La moitié de cette prime sera versée fin décembre et nous sommes dispensés d'activité jusqu'au licenciement, prévu entre le 15 et le 20 décembre prochains. Le salaire est maintenu jusqu'à la fin de l'année.

La direction a concédé ces mesures en échange de la libération du site et du recouvrement du stock de produits finis dès le 9 novembre.

La lutte contre les 206 licenciements aura duré 141 jours, ponctuée par des assemblées générales quotidiennes où se discutaient toutes les actions à entreprendre. Durant près de cinq mois, nous avons occupé l'usine et gardé le stock de chauffe-eau et de chaudières, en nous relayant, y compris pendant les vacances d'été. Pendant vingt semaines, l'usine a été sous notre contrôle et nous avons manifesté notre opposition à ce plan préparé de longue date.

C'est le 18 juin dernier que la direction avait annoncé son intention d'arrêter la fabrication, de transférer les lignes d'assemblage vers ses usines d'Italie et de Chine, et de licencier tout le personnel de production, soit 206 travailleurs, ne gardant qu'une petite unité de recherche avec 41 salariés.

On ne peut pas parler de victoire, car nous n'avons pas réussi à faire revenir le groupe Merloni-Ariston sur son projet de fermeture de l'usine de Ploufragan ; ce qui, dans le contexte actuel de démoralisation du monde du travail, semblait hors de portée à beaucoup. Mais chacun d'entre nous est fier de la lutte menée, fier d'avoir réussi à arracher plusieurs revendications qui devraient nous permettre de voir venir. Certes, nous nous étions fixé comme objectif d'obtenir 100 000 euros de prime pour tous et de faire payer les patrons le plus cher possible. L'objectif n'est que partiellement atteint. Mais les compensations obtenues sont loin d'être négligeables, compte tenu des conditions difficiles dans lesquelles nous nous sommes battus.

Ces derniers jours, la direction avait eu recours à un huissier et se préparait à faire un référé en justice pour obtenir le déblocage, y compris par la force, du site de Ploufragan. Elle déclarait par ailleurs que ces propositions seraient les dernières et qu'en cas de refus, les discussions avec les délégués reprendraient à zéro. Ce chantage a pesé dans la décision finale et surtout, la lassitude aidant, personne ne voyait comment faire pour obtenir plus.

Lors de la dernière assemblée générale du 6 novembre, suivie par plus de 150 d'entre nous, nous avons tiré le bilan de ce mouvement qui, par sa durée, est le plus long de l'histoire de Chaffoteaux, pourtant ponctuée de nombreuses luttes. Plusieurs camarades ont témoigné de ce qu'ils ont appris durant ces longues semaines, et en quoi cela pourra servir pour l'avenir, dans d'autres entreprises ou ailleurs. Chacun était bien sûr amer de devoir quitter l'usine. Mais, comme la procédure n'est pas terminée, une nouvelle assemblée générale se tiendra le 20 novembre et nous avons déjà pris date le 18 décembre pour une grande fête de la lutte des travailleurs de Chaffoteaux. Les liens qui nous ont unis ne sont pas près d'être rompus.

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