Fusillés pour l'exemple de Verdun : Le militarisme imbécile n'est pas mort13/11/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/11/une2154.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

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Fusillés pour l'exemple de Verdun : Le militarisme imbécile n'est pas mort

« Crie, après ma mort, contre la justice militaire », écrivait à sa femme, le 11 juin 1916, le sous-lieutenant Henri Herduin, fusillé pour l'exemple à Fleury-devant-Douaumont près de Verdun en compagnie du sous-lieutenant Pierre Millant

Les deux officiers avaient été accusés d'avoir abandonné le front sans ordre - en fait, leur compagnie avait été décimée et ils s'étaient repliés pour ne pas être faits prisonniers. Mais l'armée avait ainsi coutume de rejeter sur la troupe l'échec de ses offensives imbéciles et surtout meurtrières. Les deux militaires avaient d'ailleurs été réhabilités, en 1921 par le ministre de la Guerre et officiellement par la justice en 1926.

Quatre-vingt-trois ans plus tard, une stèle commémorant leur mémoire vient d'être inaugurée le 4 novembre dernier à Fleury. Ce que n'a pas supporté le très réactionnaire maire de droite de Verdun, Arsène Lux, qui tonne dans le Républicain lorrain : « Les champs de bataille doivent demeurer éternellement des lieux sacrés, propriété morale de ceux qui ont consenti tous les sacrifices pour la sauvegarde du pays. » Répondant au journaliste qui lui demande s'il n'exagère pas en affirmant que ce genre d'hommage affecte le moral de l'armée engagée en Afghanistan, le maire de Verdun a répondu : « Chaque fois qu'on s'en prend à la hiérarchie, cela alimente l'antimilitarisme primaire. »

Il a donc écrit une lettre incendiaire au secrétaire d'État aux Anciens combattants qui devait venir inaugurer la stèle le 4 novembre à Verdun. Du coup, l'inauguration s'est faite sans le secrétaire d'État, qui s'est décommandé.

Ces deux soldats, dont certains voudraient oublier la mémoire, font partie des 2 500 poilus condamnés à mort pendant la Première Guerre mondiale. Plus de 600 d'entre eux ont été fusillés « pour l'exemple ». Chiffre auquel il faudrait ajouter les nombreuses exécutions sommaires de soldats, jamais comptabilisées.

Assassin en temps de guerre, le militarisme le plus crétin est toujours bien vivace.

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