États-généraux de l'outre-mer : Et tout ça pour rien !13/11/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/11/une2154.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-généraux de l'outre-mer : Et tout ça pour rien !

Le 6 novembre a eu lieu à Paris une réunion du Comité interministériel de l'outre-mer, épilogue des États-généraux du même nom qui se sont déroulés de juillet à septembre. Au cours de cette réunion, Sarkozy a présenté 137 mesures, dont les plus concrètes sont, sans surprise, à destination du patronat.

S'il a fallu un long temps pour les énoncer, ce n'est évidemment pas à cause de la consistance de leur contenu, mais plutôt pour qu'elles soient rendues publiques à froid, hors de toute mobilisation populaire.

Le souci de Sarkozy n'étant évidemment pas de satisfaire les attentes de la population, rien d'étonnant à ce qu'il ait annoncé un nouveau soutien massif aux PME, en plus de ce que prévoit déjà la Lodéom (Loi pour le développement économique et la promotion de l'excellence pour l'outre-mer) votée au mois de juillet de cette année, et qui permettra d'ici peu aux capitalistes installés dans des « zones franches globales » d'être, entre autres, exonérés d'impôts, de taxe professionnelle, de taxe foncière, de cotisations sociales, dans une fourchette allant de 50 à 100 %.

TOUT POUR LES PATRONS

L'attention particulière portée aux hôteliers des Antilles, « affectés » par les conséquences du mouvement social du début de l'année, est en elle-même tout un symbole. Ils auront l'aide de l'État pour leurs dépenses de communication et de formation du personnel, et bénéficieront également d'un moratoire pour leurs dettes sociales pendant un an, sans majoration, et même avec un abandon des créances pouvant aller jusqu'à 50 %. Toujours pour sauver le secteur du tourisme, les chèques vacances à destination des Antilles seront bonifiés d'environ 20 %.

Pour l'agriculture, Sarkozy a annoncé un soutien de 40 millions à ceux qui se regrouperaient dans des filières censées produire « pays ». Sachant que, dans les conseils d'administration de ces groupements, ce sont les gros producteurs qui font la pluie et le beau temps, on devine aisément dans quelles poches tombera l'argent. Voilà pour les capitalistes bien servis et qui affichent leur satisfaction.

RIEN POUR LA POPULATION

En revanche, en réponse aux préoccupations des travailleurs, des chômeurs, des jeunes, il n'y a rien. Aux inutiles Observatoires de prix et des revenus se substitueront d'inutiles GIR (Groupements d'intervention régionaux) qui n'auront pas plus d'effet pour combattre les abus de position dominante des grands groupes ou pour lutter contre la cherté de la vie.

Quant aux préfets, qui voient au passage leurs pouvoirs augmenter, ils ne seront pas le moins du monde empêchés de « dégeler » les prix des carburants et du gaz, comme a promis de le faire celui de la Réunion.

Sarkorzy prétend encore vouloir lutter contre l'illettrisme. Mais comment entend-t-il réduire le nombre des illettrés, qui sont 120 000 à la Réunion, sans donner des moyens supplémentaires à l'Éducation nationale ? Il prétend aussi rattraper le retard dans la construction de logements sociaux en cédant des terrains de l'État à titre gratuit. Mais de quels terrains s'agit-il, à qui seront-ils cédés et avec quelles exigences ?

Le grand nombre de mesures annoncées peut donner l'illusion que, dans le lot, il y aura toujours, ici ou là, une mesure favorable aux travailleurs. Mais ce n'est qu'une illusion, les travailleurs n'auront rien, les capitalistes auront tout. Cela n'a pas empêché des politiciens, à droite et même à gauche, d'applaudir les annonces de Sarkozy, et le Parti Communiste Réunionnais d'y voir une reprise partielle de ses propres propositions.

Au final, cet arsenal de mesures ne fera que creuser l'écart entre les plus riches et les plus pauvres. Les millions, si ce n'est les milliards, distribués à fonds perdus aux capitalistes, seront autant de recettes perdues par l'État et les collectivités territoriales qui, pour compenser le manque à gagner, puiseront à coup sûr dans les poches des travailleurs.

La bombe de la crise sociale est loin d'être désamorcée. Et si le mépris affiché par Sarkozy envers la population laborieuse allume la mèche, ce ne sera que justice.

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