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Dans le monde
Sarkozy en Israël et en Palestine : Pendant les discours, l'occupation continue
En voyage en Israël du 22 au 24 juin, Sarkozy s'est livré à un exercice dont il est coutumier, qui consiste à dire une chose et son contraire. La manoeuvre en question était d'ailleurs particulièrement adaptée à la situation politique au Proche-Orient et la période propice, à une semaine de la présidence française de l'Union européenne.
La scène centrale du show s'est déroulée devant la Knesset, le Parlement israélien, où Sarkozy s'est fait applaudir en organisant la première partie de son discours autour de vibrantes proclamations d'amitié indéfectible entre « la France » et Israël, « une des plus authentiques démocraties du monde », selon lui. D'envolées lyriques en formules éculées, il ne fut question que de « peuple si courageux », de « tradition », de « foi », d'« espérance », de « Terre promise », d'« idéal », de « prophètes d'Israël », citations bibliques et références à l'historien Marc Bloch et au Journal d'Anne Frank incluses. Furent également convoqués Spinoza, Freud et Einstein, comme pour témoigner que « le judaïsme, c'est une manière de penser », pour conclure qu'« on ne peut pas accepter la menace sur l'existence de l'État d'Israël » et fustiger « le terrorisme » comme « le programme nucléaire militaire de l'Iran ».
Mais, étant donné qu'« on doit dire la vérité à ses amis, sinon, on n'est pas un ami », Sarkozy a, ensuite, dévoilé sa recette pour atteindre « la sécurité d'Israël », et « la paix » : la mise en place d'« un État palestinien indépendant ». En effet, « la France se veut l'amie du peuple palestinien, aussi ». Mais ses déclarations sur le nécessaire « arrêt de la colonisation » et « Jérusalem, capitale de deux États » furent accueillies plus froidement par les députés israéliens.
Cette seconde phase du discours sarkozien préparait en fait la deuxième étape du voyage officiel. Pendant quelques heures, à Bethléem, Sarkozy devait rencontrer les dirigeants palestiniens, et il semble que, malgré l'image pro-américaine et pro-israélienne qui accompagne le président français, la rencontre avec Mahmoud Abbas se soit bien passée.
Mais, après ces quarante-huit heures dans le rôle de l'homme de la paix, que résultera-t-il du passage de Sarkozy pour la situation des Palestiniens comme des Israéliens ? Rien de plus, sur le fond, qu'après la conférence du « Quartet » à Annapolis, il y a sept mois, rien d'autre qu'après les déclarations de Bush ou de Condoleezza Rice rappelant la « feuille de route » et le nécessaire règlement du conflit, par un accord bilatéral, comme si les deux parties étaient à égalité et que seule la bonne volonté manquait... et surtout ne faisant rien pour pousser leur allié israélien à des concessions.
En réalité, pendant que les dirigeants étatsuniens et européens rivalisent d'hypocrisie dans leurs appels à une « solution négociée », le pouvoir israélien, quels que soient les politiciens à sa tête, poursuit depuis 41 ans sa politique de colonisation, d'occupation des territoires palestiniens, accélérant même les annexions. Les « implantations » en Cisjordanie ont par exemple été multipliées par huit en 25 ans, et un Mur de la honte continue de se construire, englobant de plus en plus de surfaces annexées.
Cette politique d'agression permanente est de fait couverte par la « communauté internationale », en tout cas par l'ensemble des dirigeants occidentaux qui continuent à parler du « processus de paix »... comme si celui-ci existait.
Et s'il est vrai que, comme l'a récemment annoncé Francis Wurtz, au nom de la Gauche Unitaire Européenne, des négociations secrètes se déroulent depuis plus d'un an entre l'Union européenne et Israël, dans le cadre d'une coopération sur des questions stratégiques, économiques et financières, les gesticulations de Sarkozy à Jérusalem ne seront jamais qu'une couverture de plus à la complicité habituelle des dirigeants européens et israéliens, au mépris du droit des peuples.