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- Lutte ouvrière n°2082
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Leur société
Des fréquentations syndicales loin des intérêts du monde ouvrier
La politique d'éparpillement des luttes menée par toutes les confédérations syndicales, la signature « d'accords » entérinant des régressions de la condition ouvrière, ne s'expliquent pas seulement par la « mollesse » de tel ou tel dirigeant.
Des représentants des appareils syndicaux sont présents dans des milliers de postes où ils sont censés « gérer » aux côtés des patrons. On peut citer par exemple :
- les différentes caisses de Sécurité sociale : maladie, allocations familiales, retraites ; dans les caisses primaires, régionales, nationales ;
- les organismes de formation professionnelle ;
- les caisses Assedic et à l'Unedic ;
- les caisses de retraite complémentaire, etc.
Ils occupent aussi de nombreux postes dans les commissions dépendant des différentes branches professionnelles, où devraient être discutés par exemple les minima catégoriels de salaires et d'autres choses. Ces postes se situent à un niveau local, régional et national, professionnel ou interprofessionnel.
Il y a ensuite les organismes où ils sont censés faire des propositions, là encore aux côtés des patrons, tels que le Conseil économique et social au niveau national et tous les autres au niveau des régions, avec toutes leurs dépendances.
À cela s'ajoute la présence des représentants syndicaux dans une multitude de conseils d'administration où ils sont invités, comme les offices HLM, et une liste non exhaustive d'organismes divers et variés. Parfois il faut qu'un scandale éclate pour qu'on apprenne que les confédérations syndicales siégeaient avec les patrons, par exemple dans l'ex-comité Amiante qui servait de couverture aux industriels du secteur qui continuaient à empoisonner les travailleurs et la population.
Tout cela compte beaucoup dans la vie des appareils des syndicats dits représentatifs. Tous ces postes, qui fournissent une place à un grand nombre de membres de ces appareils, représentent un enjeu considérable, que la reconnaissance de la représentativité leur garantit pratiquement. Et pour de tels enjeux, ils sont prêts à sacrifier une partie des protections des salariés en matière de durée du travail ou dans d'autres domaines, si le patronat et le gouvernement le leur demandent. Cela est bien loin des intérêts des travailleurs.
Seulement, à force de compromis, les appareils syndicaux pourraient être aussi demain les dindons de la farce. La soumission de la CGT et de la CFDT aux « expérimentations » patronales en matière de remise en cause de la loi et des conventions collectives a incité le gouvernement à imposer d'autres reculs, cette fois sans leur demander leur avis.
Demain, face à des appareils bien usés et bien déconsidérés, le patronat et le gouvernement pourraient bien se dire qu'ils n'ont même plus besoin de les entretenir de la sorte, au travers toutes ces sinécures. Il sera trop tard alors pour crier au loup et demander aux travailleurs de défendre ces positions d'appareil qui n'ont jamais été utiles à la défense de leurs intérêts.