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Leur société
Plan Espoir banlieue : Les banlieues vont rester en plan
Le plan Espoir banlieue a été finalement dévoilé vendredi 20 juin à Meaux au cours d'un comité interministériel présidé par Fillon. Mais on est loin du plan Marshall annoncé en février 2008 par Sarkozy pendant sa campagne électorale.
D'abord en ce qui concerne les moyens. Fadela Amara, la secrétaire d'État chargée de la politique de la ville, avance le chiffre d'un milliard d'euros et prétend n'avoir aucune inquiétude sur le plan budgétaire, mais l'autosatisfaction ne fait pas un budget. Pour le moment la moitié de cette somme reste virtuelle, car elle doit provenir d'économies faites par d'autres ministères, ce que Fillon appelle un « redéploiement des dépenses » et qui revient en fait à déshabiller Pierre pour habiller Paul.
500 millions devraient être pris sur le budget prévu par le Grenelle de l'environnement. Borloo, le ministre de l'Écologie, a d'ores et déjà dit que son ministère n'apporterait que 220 millions d'euros. Quant aux millions restants, ils n'existent que sur le papier et seraient obtenus en lançant un « appel à projet »...
Si le financement du plan reste pour le moins flou, ses objectifs relèvent carrément des voeux pieux. 45 000 « contrats d'autonomie » pour les moins de 26 ans seraient signés d'ici 2010. Avec cela Fadela Amara prétend diminuer de moitié le nombre de chômeurs dans les cités, alors qu'elle estime elle-même le taux de chômage des jeunes à 40 ou 42 %... Elle annonce aussi que 53 entreprises se sont engagées à embaucher 11 000 jeunes en 2008 et encore près de 30 000 d'ici 2011, avec l'aide du gouvernement. Les subventions, à n'en pas douter, ne seront pas virtuelles, mais les emplois seront-ils réels, on peut se poser la question.
Dans le domaine de l'éducation, Fadela Amara prétend avec 200 millions d'euros régler le problème de l'échec scolaire. Mais il n'est pas question de créer les postes d'enseignants et de personnel éducatif dont manquent cruellement les cités. Il s'agirait de faire émerger une « élite des banlieues » en créant des « pôles d'excellence », des « internats d'excellence » ou encore de permettre aux enfants de 50 quartiers défavorisés d'aller dans d'autres écoles en créant des lignes de bus...
Vendredi 20 juin Fadela Amara expliquait : « Je ne vous dis pas que ce plan est suffisant, mais je vous assure qu'il est solide et fera changer les choses rapidement. » Que son plan soit insuffisant, c'est certain, et qu'il fasse changer les choses rapidement, ce l'est beaucoup moins. Depuis dix-sept ans qu'existe un ministère de la Ville, à la tête duquel se sont succédé 19 ministres, la preuve a été largement faite que ce n'est pas d'un plan banlieue de plus que les quartiers défavorisés ont besoin, mais de moyens pour créer des transports, des écoles, et d'une volonté politique de lutter contre le chômage et la précarité qui font des ravages dans les cités.