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Leur société
La Borloo-comédie de l'environnement
Un peu plus de six mois après la grand-messe du Grenelle de l'environnement, une première loi d'orientation a été adoptée mercredi 11 juin en Conseil des ministres. Au menu, une avalanche de déclarations d'intention... et pas d'argent pour les mettre en oeuvre.
Avec la première loi, dite Grenelle 1, il y aura trois lois au total. Le gouvernement a dévoilé des dizaines d'objectifs, d'intentions, de propositions « d'études de modalités » pour le développement durable, « en tête des politiques publiques », mais sans jamais, ou presque, prévoir de moyens financiers pour les atteindre.
Les intentions les plus ambitieuses sont affichées en matière de logement. Le gouvernement souhaite non seulement imposer des normes strictes en matière d'isolation thermique pour les bâtiments qui seront construits à l'avenir, mais encore rénover, d'ici à 2020, la totalité du parc de logements existants. L'intention est louable, évidemment : nombre de logements, et notamment de logements populaires, sont construits à si bas prix et si mal isolés qu'ils laissent échapper une partie considérable de leur chaleur.
Mais qui va payer les travaux de rénovation ? Sur ce terrain, motus. En ce qui concerne le logement social, les moyens n'existent même pas pour construire les habitations nécessaires aux millions de mal-logés. Alors, qui va croire que le gouvernement va soudainement débloquer de l'argent pour rénover, « au rythme de 70 000 logements par an », les HLM existantes ?
Et pour le logement neuf, qui va payer la différence sur le devis ? Car il ne faut pas se payer de mots. Si les bétonneurs doivent construire des HLM qui ne soient pas, comme aujourd'hui, aussi mal isolées thermiquement qu'ils le sont acoustiquement, il le feront payer, et cher.
En matière de financement, le gouvernement n'a donné pour l'instant qu'une seule piste. Il suggère aux intéressés de contracter des emprunts... qu'ils rembourseront avec l'argent gagné grâce aux futures économies d'énergie ! Voilà qui fera au moins le bonheur des banquiers.
Dans d'autres domaines aussi, le gouvernement montre que ses préoccupations écologiques cèdent le pas face à l'intérêt des groupes capitalistes. En matière de transport par exemple, il a nettement revu ses ambitions à la baisse. Alors qu'il était question, à l'automne, de mettre un coup d'arrêt à la politique du tout-camion, aujourd'hui cette promesse semble bien lointaine.
Certes, les grandes lignes TGV devraient être développées... mais la fermeture des petites lignes de province continuera et la SNCF se donne clairement pour but de n'assurer que le transport de fret qu'elle estime « rentable ». En matière de transport urbain enfin, les subventions promises par le gouvernement fondent comme neige au soleil. Des 4 milliards d'euros promis initialement aux collectivités locales pour développer leurs réseaux, il ne reste plus que 2,5 milliards... alors qu'il faudrait investir près de 20 milliards d'euros pour atteindre les objectifs fixés !
Pour l'instant, les seuls qui aient vraiment gagné quelque chose avec le Grenelle, ce sont les patrons de l'automobile qui profitent à fond du « bonus-malus écologique » lancé le 1er janvier 2008. Et un certain nombre d'autres industriels font le pied de grue devant les bureaux de Borloo pour, eux aussi, profiter des subventions futures que l'État pourrait offrir - pour produire des éoliennes, des véhicules électriques ou des éléments d'isolation.
Le gouvernement sera probablement capable de trouver de l'argent pour de telles « aides ». Quant à aider les collectivités locales et les ménages qui vont devoir faire face à des dépenses « écologiques » en hausse, il n'en est apparemment pas question.