Irak : Le coût de la guerre11/01/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/01/une1954.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Irak : Le coût de la guerre

Le coût total de la guerre en Irak a été estimé à 2000 milliards de dollars, selon une étude menée par l'économiste américain, Joseph E. Stiglitz. Ce chiffre inclut les pensions d'invalidité des 16000 blessés de l'armée américaine, dont 20% souffrent de graves déficiences mentales ou physiques, et se fonde sur l'hypothèse d'un maintien des troupes américaines en Irak jusqu'en 2010.

Mais il n'en est pas moins considérable. Avant l'intervention, quand un autre conseiller économique américain, Lawrence Lindsey, avait affirmé que le coût de la guerre pourrait s'élever à 100 à 200 milliards de dollars, dix fois moins que l'estimation de JosephE. Stiglitz, soulignant que cela représentait 1 à 2% du PIB américain, le Pentagone avait protesté en déclarant que 50 milliards "seulement" seraient nécessaires. On voit ce qu'il en est aujourd'hui.

Si, comme le précise la récente étude, les contribuables américains risquent de payer cette guerre longtemps encore après le retrait des troupes, ce n'est évidemment pas la seule conséquence de ce conflit, ni même la plus grave. Depuis mars 2003, outre les 2200victimes américaines, soldats et personnels assimilés, des dizaines de milliers d'Irakiens, pour la plupart des civils, ont été tués: pour la seule année 2005, dont les dirigeants américains disaient qu'elle serait celle du retour à la normale, on compterait 5713morts irakiens, dont plus de 4000civils, soit une moyenne de 15Irakiens tués par jour.

Quant à la population irakienne, elle doit vivre dans un pays en plein chaos, sous la menace quotidienne des troupes d'occupation d'un côté, et des milices intégristes armées de l'autre. Les élections à l'Assemblée législative du 15décembre dernier n'ont rien changé à cette situation, comme le montre la continuation des attentats-suicides: celui du lundi 9janvier a encore fait 29morts. La population continue à être l'otage des luttes sanglantes que se livrent les factions intégristes rivales, chiites et sunnites, dont les appétits de pouvoir ont été déchaînés par l'invasion occidentale.

Bush, à l'unisson avec tous les gouvernements occidentaux, a bien entendu, à l'issue des élections du 15décembre, salué le soi-disant "retour de la démocratie" en Irak. Il ne risque pas de convaincre qui que ce soit dans ce pays. Mais il a semble-t-il également de plus en plus de mal à convaincre la population de son propre pays du bien-fondé de cette occupation. L'opposition à cette guerre grandit, comme le montre le fait que l'armée américaine n'arrive pas à recruter assez de soldats pour aller en Irak. Les marines, par exemple, n'ont trouvé que le tiers des nouveaux effectifs dont ils ont besoin. Non seulement les soldats qui sont allés en Irak ne veulent pas y retourner, mais la propagande ne suffit plus pour trouver, dans cette population de plus en plus opposée à la guerre, de nouvelles recrues en nombre suffisant.

On ne peut que souhaiter que cette opposition grandisse. Seule une opposition vraiment massive à la guerre de part de la population américaine pourrait arrêter Bush et ainsi mettre un terme à une occupation qui a déjà coûté très cher, en dollars sans doute, mais surtout en vies humaines.

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