Chantiers de l'Atlantique - Saint-Nazaire : Alstom vend ses chantiers navals11/01/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/01/une1954.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Chantiers de l'Atlantique - Saint-Nazaire : Alstom vend ses chantiers navals

Mercredi 4 janvier, c'est par la radio et les journaux que les travailleurs de la Navale ont appris la vente, par le groupe Alstom, des chantiers de Saint-Nazaire et de Lanester (près de Lorient) au groupe norvégien Aker.

Cette annonce, faite le lendemain du retour des congés de fin d'année, a provoqué dans tous les secteurs bien des interrogations et des inquiétudes. Nombreux sont les travailleurs des Chantiers qui ont déjà vécu un rachat de leur entreprise accompagné de restructurations et de suppressions de postes. Mais pas une seule voix ne s'est élevée pour regretter Alstom, car c'est sous sa coupe qu'une série de coups très durs ont été portés aux travailleurs. Et, contrairement à ce qu'ont pu prétendre certains journaux, Alstom n'avait rien d'une "maison-mère" pour les travailleurs, puisque en 150 ans d'existence, les Chantiers de Saint-Nazaire n'ont appartenu à Alstom que durant vingt ans et que l'entreprise a souvent changé de propriétaire, au gré de transactions financières pour le moins opaques.

La vente de ces jours-ci n'est pas en reste: Alstom aurait vendu 75% du capital de ses chantiers navals pour 50 millions d'euros! C'est déjà une somme ridicule comparée au prix de la construction d'un navire (de l'ordre d'un milliard d'euros pour un paquebot). Mais en plus Alstom s'engage à verser 350 millions d'euros à Aker pour l'aider à recapitaliser l'entreprise! Si le seul but de cette manoeuvre était de faire plaisir aux actionnaires d'Alstom, qui trouvaient le secteur marine déficitaire, il a été atteint: comme prévu, l'annonce de cette transaction a fait grimper de 6,5% les actions Alstom, ce qui équivaut à quelques 400 millions d'euros!

En fait personne n'est en mesure de dire ce que cachent exactement ces manoeuvres financières. Une grande entreprise dont dépendent des milliers d'emplois, l'avenir d'une ville et même d'une région, n'est pas gérée en fonction de l'intérêt collectif, mais en fonction des seuls intérêts de quelques possédants. Une fois leur accord conclu, les directions d'Alstom et d'Aker se sont contentées de prévenir la presse et les responsables politiques, afin qu'ils fassent le travail qu'attendent d'eux les capitalistes: prodiguer des propos rassurants à la population et aux travailleurs de l'entreprise, qui ont été les derniers informés.

Alors, même si quatre paquebots doivent être construits à Saint-Nazaire dans les prochaines années; même s'il paraît que les commandes de ce type vont se multiplier; même si Aker et Alstom ont "pour le moment" un discours rassurant sur l'emploi, les travailleurs ont toutes les raisons d'être méfiants. Sans que cela ait fait la Une des médias, depuis 2003 l'effectif de l'entreprise est passé à Saint-Nazaire de 12000 salariés sur le site (5000 Alstom et 7000 sous-traitants et intérimaires) à 6000 (dont 3000 Alstom).

Pour l'instant, chacun attend d'en savoir plus sur les intentions d'Aker. Reste une certitude: il faudra savoir se défendre contre les attaques des patrons, qu'ils soient français ou norvégiens.

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