À Marseille, la grande misère des écoles11/01/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/01/une1954.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Divers

À Marseille, la grande misère des écoles

Au centre-ville de Marseille, beaucoup d'enfants issus de familles pauvres, dans lesquelles bien souvent on ne parle pas le français, ont grand besoin de bénéficier de l'école très jeunes. Mais au contraire, les enfants sont entassés trop nombreux par classe dans des locaux peu adaptés et souvent en piètre état. C'est le cas par exemple dans les quartiers de la Villette, Saint-Mauront, la Belle-de-Mai, dans le 3e arrondissement de la ville.

La population y est très pauvre. Comoriens, Maliens, Sénégalais, Ivoiriens, Algériens, Tunisiens, Marocains et Gitans travaillent dans le bâtiment, la confection, le nettoyage, le gardiennage et aussi sur le port pour les travaux les plus ingrats comme le récurage des fosses, le sablage et la peinture des bateaux.

Pire, beaucoup ne travaillent pas, cherchent du travail, ce qui est encore plus difficile pour les femmes avec de petits enfants qu'elles ne peuvent pas faire garder.

Dans ces quartiers, beaucoup de maisons sont effondrées ou ont été démolies. Le ramassage des ordures se fait avec peu de personnel et peu de moyens. La pourriture s'y accumule et les rats y prospèrent. En 2003, un enfant de maternelle est resté handicapé à la suite d'une encéphalite dont le virus ne se trouve que dans les déjections de rats.

L'école seule pourrait offrir à ces enfants les connaissances indispensables pour s'en sortir, mais ce n'est pas une priorité de la municipalité. Par exemple, l'école Félix-Pyat, dans le quartier de Saint-Mauront, est carrément en cours d'effondrement! Les bâtiments de cette petite école de 9 classes, prévue pour environ 220 enfants, sont si vétustes que des fentes sont apparues et se sont élargies dans les murs mais aussi dans le sol de la classe des plus petits.

Depuis 2002 un projet de rénovation, avec reconstruction de certains bâtiments, dormait faute de crédits. Il y a deux ans, le plafond d'une classe s'était effondré suite à de fortes pluies, et le chauffage d'un des bâtiments n'a pas fonctionné pendant trois hivers.

Les fentes s'agrandissaient dans le mur de l'escalier et des classes de maternelle, les portes ne fermaient plus, laissant passer les courants d'air glacial surtout par temps de mistral.

La municipalité a bel et bien réagi... La façade a été repeinte, un plafond refait, des convecteurs électriques installés dans le bâtiment sans chauffage ainsi que des portes neuves, qui ne fermaient toujours pas puisque le bâtiment bouge. Après l'apparition des nouvelles fissures, une commission de sécurité fut dépêchée sur place, le 2décembre dernier, et décidait sa fermeture et son évacuation immédiate. Les parents appelés au téléphone venaient chercher les enfants. Les enfants dont les parents n'avaient pu être joints étaient regroupés dans la cantine, qui semblait encore solide. Les instituteurs ne furent autorisés que plus tard à entasser le matériel dans des cartons, pour qu'il soit transporté dans une école désaffectée du quartier. Des travaux étaient commandés en urgence afin d'y accueillir les élèves. Mais un mois plus tard, en cette rentrée de janvier 2006, les enfants de maternelle sont encore dans la nature, les locaux n'étant pas prêts.

Cela ne va pas mieux pour bien d'autres écoles maternelles. Il n'y a pas assez de place et les listes d'attente s'allongent. Les enfants de deux ans et certains de trois ans ne sont pas acceptés, faute de place. Et au lieu de rénover ou de créer des écoles, la municipalité entasse les enfants.

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