Hewlett-Packard : Les salariés ont des raisons de s'inquiéter31/05/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/05/une1766.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Hewlett-Packard : Les salariés ont des raisons de s'inquiéter

Le tribunal de grande instance de Grenoble a débouté jeudi 23 mai les syndicats qui protestaient contre l'existence d'un système d'évaluation des salariés dans la société Hewlett-Packard. Les syndicats s'inquiétaient à juste titre car ils pensent que ce système a été mis en place pour préparer des licenciements annoncés. En effet l'entreprise prévoit, dans l'ensemble de ses usines, 15 000 suppressions d'emplois, à la suite de sa fusion avec le groupe Compaq. Ils craignent pour ceux qui ne seraient pas dans la charrette de licenciements que ce système se traduise par ailleurs par des baisses de salaires. Les syndicats faisaient état d'une note interne dans laquelle le PDG d'Hewlett-Packard aurait fixé un quota pour obtenir qu'il y ait 5 % de salariés notés à la note la plus basse, ce qui ferait 15 000 salariés, juste le nombre des suppresions d'emplois envisagés. Coïncidence !

Lors de ce procès, des salariés ont témoigné des pressions exercées contre les travailleurs, notamment contre ceux impliqués dans l'activité syndicale, contre ceux qui contestaient. Les syndicats plaignants ont fait état de l'existence, dans d'autres entreprises, d'un système de notation analogue.

Rien n'y a fait. Et le tribunal, imperturbable, a rendu un jugement pour le moins paradoxal. Il a estimé que l'inquiétude des salariés était "justifiée", mais a ajouté qu'elle était "prématurée", puisque ces licenciements n'étaient pas effectifs. Les salariés ont effectivement bien des raisons de s'inquiéter pour leur avenir, mais aussi de la façon dont on a rendu justice.

Ainsi, pour répondre à l'argument avancé par les syndicats selon lequel la notation "entraînerait une diminution de salaire", le tribunal a rétorqué que le système de notation mis en place par la direction n'avait pas entraîné une telle diminution de salaire, mais seulement, dans certains cas, leur blocage. Mais cela ne contribue pas à lever l'inquiétude des salariés. Il a tenu à rappeler que l'employeur était "libre de décider pour chacun de ses salariés des augmentations de rémunérations".

Quant au quota de 5 % de notes les plus basses qui peuvent servir de prétexte à des licenciements, le tribunal a tranché en ces termes : " Aucun élément du dossier ne permet d'affirmer à ce jour qu'il s'agit, du moins concernant la filiale française, d'une pratique effective ". Les syndicats avaient pourtant souligné que les salariés ainsi classés étaient mis à l'écart et qu'ils finissaient, souvent, par craquer et par démissionner. Ces démissions ne sont-elles pas des formes de licenciements hypocrites, qui dispensent la direction d'avoir à trancher elle-même... et surtout à payer les indemnités légales ? Cette question n'a pas perturbé la sérénité des juges.

Le tribunal de Grenoble a finalement sanctifié le fait que le patron avait tout pouvoir sur les salariés et qu'il pouvait en bonne justice exercer sa dictature sur les travailleurs.

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