Votez pour le camp des travailleurs31/05/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/05/une1766.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Votez pour le camp des travailleurs

Les commentateurs se plaignent de ce que la campagne pour les élections législatives, qui décideront de la couleur politique de la future Assemblée nationale, ne semble pas passionner les foules. Mais comment s'étonner de cela ? Avant le premier tour de l'élection présidentielle, il était déjà bien difficile de voir une différence entre la politique qu'avait menée Juppé de 1995 à 1997, et celle qu'avait appliquée Jospin de 1997 à 2002 et qui était dans la continuité de la précédente. Ce n'est pas l'appel du Parti Socialiste et du Parti Communiste à voter Chirac au deuxième tour de la présidentielle, en le présentant comme l'unique rempart possible contre le Front National, qui pouvait démontrer le contraire.

Que la population laborieuse ne se passionne pas pour savoir si le futur occupant de Matignon sera de droite (comme c'est le plus probable, après l'acte d'allégeance de la gauche à Chirac), ou s'il sera malgré tout issu du Parti Socialiste, n'est donc pas surprenant.

Les travailleurs n'ont rien à attendre de la future majorité gouvernementale, ni pour lutter contre le chômage ou la précarité de l'emploi, ni pour s'opposer aux nouveaux plans de licenciements qu'on nous annonce régulièrement sous le nom hypocrite de " plans sociaux ", ni pour revaloriser les bas salaires, les pensions et retraites des plus démunis et les minima sociaux, ni pour améliorer les services publics.

Quelle que soit la couleur du futur gouvernement, il permettra aux plus riches de s'enrichir encore un peu plus aux dépens des plus pauvres, il fera passer les intérêts des gros actionnaires avant ceux des salariés, comme cela s'est fait au cours des années précédentes. Quelle que soit la couleur du futur gouvernement, il accordera des exonérations de charges sociales au patronat, sous le prétexte fallacieux (et vingt fois démenti par les faits) d'aider à la création d'emplois. Il diminuera les impôts sur les revenus, ce qui intéresse surtout les plus riches, sans toucher à la TVA, cet impôt inique qui taxe les plus pauvres de 20 % de leurs revenus. Quelle que soit la couleur du futur gouvernement, il continuera à sacrifier les services publics : l'école, les hôpitaux, les transports en commun, La Poste, le logement social, parce qu'on ne peut pas à la fois multiplier les cadeaux aux entreprises privées et faire fonctionner correctement les services publics indispensables à la population. Il continuera à les privatiser, à brader ce qui est censé appartenir à la collectivité, pour offrir aux capitaux privés des placements rentables et sans risques.

La seule chose d'utile que nous puissions faire dans ces élections, ce n'est pas de participer au choix de celui qui, à Matignon, prendra les futures mesures dirigées contre la classe ouvrière. C'est au contraire de dire que nous ne sommes pas dupes, que nous exigeons une autre politique : l'interdiction des licenciements collectifs, la suppression du secret bancaire, du secret industriel et commercial, l'ouverture de la comptabilité des grandes entreprises aux travailleurs et aux consommateurs, afin que le patronat ne puisse plus décider de la vie de milliers de gens, de l'avenir d'une ville ou d'une région, sans avoir de comptes à rendre à la population.

C'est pour défendre ce programme que Lutte Ouvrière présente des candidates ou des candidats dans toutes les circonscriptions. Ils ne se présentent pas dans l'espoir de faire une carrière politique. Ce sont des travailleurs, fidèles à leur classe, à leur camp. Voter pour eux, ce sera affirmer que la classe ouvrière doit se préparer à se défendre face aux attaques incessantes qu'elle subit de la part du patronat et des gouvernements à son service. Ce sera dire aussi qu'elle veut un nouveau parti, qui défende ses intérêts politiques et sociaux, comme le firent en leur temps le Parti Socialiste et le Parti Communiste, avant de devenir des partis de gouvernement au service de la bourgeoisie. Voter pour eux, ce sera le vote le plus utile que des travailleurs puissent faire dans ces élections.

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