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Leur société
Sangatte : Les réfugiés victimes d'une société pourrie
Sarkozy, ministre de l'Intérieur tout frais émoulu, a voulu faire un court passage de dix minutes au centre d'hébergement de Sangatte, ce camp de réfugiés situé dans le Pas-de-Calais, à deux pas du tunnel sous la Manche. Cela fait partie de son cinéma électoral, faisant suite à sa visite des commissariats des cités populaires de la Région parisienne. Il a déclaré que l'objectif serait la fermeture de ce centre, mais à terme. Il faut faire, a-t-il déclaré, de la " sécurité intérieure et extérieure un impératif absolu ", et a promis trente policiers supplémentaires. Il s'est félicité au passage de la sévérité des condamnations à neuf et six mois de prison ferme prises à l'égard des responsables d'une récente bagarre entre réfugiés kurdes et afghans. Il a aussi promis de défendre lors du sommet européen à Séville, qui se tiendra les 21 et 22 juin, un projet de police des frontières.
Mais, prudence oblige, Sarkozy a précisé que si " la fermeture de Sangatte peut être et doit être un objectif ", elle " ne peut être un préalable. " Il doit, comme tout un chacun, se rendre à l'évidence, et explique qu'" une fermeture précipitée créerait plus de problèmes de sécurité pour la population calaisienne qu'elle n'en résoudrait. " En effet, ces politiciens, avant les élections, faisaient de la démagogie sécuritaire à en vomir. Mais tous savent que la fermeture du centre d'hébergement et les mesures de répression n'éviteront pas que tous ces gens qui cherchent à échapper à la misère tentent leur " chance " pour fuir. Comme le disait un représentant d'Amnesty : " Si on supprime le camp, on ne supprime pas le problème. Il sera seulement moins visible. "
Le centre de Sangatte a été créé en septembre 1999. Depuis son ouverture, 35 000 personnes y ont vécu dans l'attente de la possibilité de passer clandestinement dans des conditions risquées en Angleterre. Le centre est au bord de l'explosion tant les gens y sont entassés dans des conditions précaires. Il était prévu au départ pour recevoir 700 personnes et ils sont aujourd'hui 1500 à y vivre.
Les réfugiés de Sangatte, kurdes, kosovars ou afghans, fuient qui la misère, qui une guerre, et souvent les deux à la fois, misère et guerre dont ces pays impérialistes dans lesquels ils viennent à la recherche d'un autre avenir sont responsables. Car ce sont les grandes puissances qui sont responsables du fait que l'immense majorité de la population de la planète n'a même pas de quoi vivre. Et les gouvernants de ces pays riches proposent de construire des barbelés toujours plus hauts, toujours plus surveillés, pour protéger la richesse des riches. C'est cette situation qui fait naître tous les Sangatte du monde.