Alliance droite - extrême droite : Le bal des hypocrites31/05/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/05/une1766.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Alliance droite - extrême droite : Le bal des hypocrites

Les déclarations de Lepeltier, devenu le numéro un du RPR depuis qu'Alliot-Marie a été nommée ministre, émettant le souhait que le candidat du RPR se maintienne en cas de triangulaires impliquant un candidat du FN, ont déclenché, à droite comme à gauche, un déluge de réactions.

L'état-major de l'UMP, le nouveau parti de Chirac, s'est empressé de corriger le tir, déclarant qu'il ne fallait rien faire qui puisse faire élire un député du Front National, tout en se gardant d'adopter une position précise.

C'est que les déclarations et les petites phrases des états-majors sont une chose, les préoccupations des élus locaux une autre. Par exemple, dans le Var, où le FN fait des bons scores, Ginesta, président départemental du RPR mais aussi candidat aux législatives, a déclaré : " Il n'y aura pas de front républicain dans le département du Var. Ça veut dire qu'on maintiendra nos candidats. " Soucieux d'attirer les électeurs du Front National sur leur nom au premier ou encore au second tour, bon nombre de notables du RPR tiennent plus à marquer leur distance avec la gauche et à draguer les électeurs du Front National qu'à s'acoquiner avec leurs concurrents de gauche.

Ce refus n'est d'ailleurs pas nouveau. Dans les années 1990, c'était la position systématique du RPR. Par exemple, lors d'une législative partielle à Toulon, en mai 1998, Sarkozy déclarait qu'un député FN ou PS, " c'est bonnet blanc et blanc bonnet ".

Dans plusieurs cas, il y a eu alliance de la droite et de l'extrême droite. Ce fut le cas à Dreux, dès 1983, où le maire RPR s'allia au second tour avec le FN lors d'une élection municipale partielle. En 1989, à Vitrolles, ce fut même dès le premier tour que le RPR et le FN se présentèrent unis pour tenter, sans succès, de gagner la mairie. On a vu plus récemment, lors des élections régionales de 1998, des politiciens liés à la droite classique (si tant est que cela veuille dire quelque chose) Baur, Blanc, Millon, Soisson, faire alliance avec le FN pour se faire élire à la présidence de conseils régionaux.

Il n'y a aucune barrière politique ou humaine entre la droite et l'extrême droite. On ne compte d'ailleurs plus le nombre de politiciens qui sont passés de l'une à l'autre en changeant simplement d'étiquette, par simple calcul électoral et sans guère à avoir à modifier leurs discours.

Jusqu'à présent, la stratégie de la droite dite classique n'a pas été de s'allier au plan national avec le Front National, car elle craignait sans doute de perdre plus de voix et surtout de sièges qu'elle n'en gagnerait. Mais si elle y trouve son intérêt, elle peut tout aussi bien changer son fusil d'épaule.

Voilà pourquoi ces dénégations concernant les alliances avec le FN ne signifient rien, même pour l'avenir relativement proche.

Dans ces conditions présenter Chirac et son camp comme un rempart contre Le Pen a été une imposture... qui, chaque jour, se vérifie un peu plus.

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