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- Lutte ouvrière n°1766
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CFDT : Nicole Notat ou le syndicalisme propatronal
A l'occasion du 45e congrès de la CFDT, Nicole Notat a confirmé son départ du poste de secrétaire générale qu'elle occupait depuis 1992. Selon la presse, elle devrait se reconvertir à la tête d'une " agence de notations sociales et environnementales " et continuer à participer à divers organismes où elle côtoie aussi bien Jacques Delors que des représentants du grand patronat comme Claude Bébéar, patron du groupe Axa. Quant à son successeur désigné, François Chérèque, il ne devrait pas remettre en cause les orientations de la confédération : fils de Jacques Chérèque, ex-numéro deux de la CFDT du temps d'Edmond Maire, devenu préfet puis ministre chargé de l'Aménagement du territoire entre 1988 et 1991, il marche depuis longtemps dans les traces de Notat et la seconde dans toutes les négociations.
A la tête de la CFDT depuis 1992, Nicole Notat s'est surtout distinguée par ses positions complaisantes à l'égard de bien des attaques antiouvrières et de bien des projets défendus par le patronat. Parachevant la politique de recentrage de la confédération amorcée par Edmond Maire à la fin des années 1970, au prix d'une mise au pas de toute opposition interne, elle a été l'interlocuteur privilégié du patronat et de tous les gouvernements, de gauche comme de droite, qui se sont succédé durant son mandat.
C'est cette attitude qui l'a conduite à signer et à défendre tous les accords qui lui étaient proposés, même quand ils aboutissaient à un recul des conditions de vie et de travail des salariés. Ce fut le cas en particulier en novembre-décembre 1995 avec le plan Juppé qui marquait une nouvelle offensive contre la Sécurité sociale et le régime de retraite des salariés de la Fonction publique. Alors que des milliers de fonctionnaires et assimilés se mettaient en grève et descendaient dans les rues manifester leur refus de cette réforme, Notat se fit l'ardent défenseur du projet Juppé.
Ce fut encore le cas à l'occasion de la mise en place des 35 heures. Dès la première heure, la CFDT se montra pressée d'aboutir à des accords locaux, fut-ce au prix d'une plus grande flexibilité dans les horaires de travail et d'une dégradation des conditions de vie des salariés concernés.
Au nom d'une politique dite " réaliste " et de réformes, Notat s'est dans les faits transformée en relais de la soumission du monde du travail aux intérêts du patronat. On en a encore eu la démonstration à propos du plan d'aide au retour à l'emploi (PARE) où la CFDT fut pratiquement la seule confédération à prendre la défense des aspects les plus réactionnaires de ce nouveau système de contrôle de l'indemnisation des chômeurs proposé par le Medef.
Pendant dix ans, Notat aura bien été l'incarnation d'une orientation de la CFDT rendant un fieffé service au patronat - Seillière, le patron des patrons, vient d'ailleurs de lui rendre un hommage appuyé - et aboutissant à désorienter et à démoraliser bien des travailleurs et des militants sincères que cette confédération possède encore au sein des entreprises.