En Tunisie, les 99,61 % de " oui " qui se sont portés sur la réforme de la constitution n'ont guère surpris. Dans ce pays où Ben Ali règne depuis quinze ans sans partage, son régime a toujours recueilli plus de 99 % des suffrages.

Il faut dire que cette fois encore, il s'était donné tous les moyens de triompher. Les membres du parti gouvernemental supervisaient les opérations électorales dans chacun des 15 000 bureaux de vote et les bulletins - blancs pour le oui, noirs pour le non - permettaient d'identifier facilement l'opinion exprimée par les électeurs. Quant à l'opposition qui dénonçait cette " mascarade électorale " et appelait au boycott, elle avait été interdite de presse et de télévision.

Grâce à ce référendum-plébiscite, Ben Ali vient surtout de s'assurer une présidence et une impunité à vie. Car c'est là l'essentiel des amendements apportés à la constitution et que les électeurs étaient appelés à approuver. En prévoyant le renouvellement sans limite des candidatures à la présidence et en repoussant à 75 ans l'âge limite pour postuler, cette réforme permettra à Ben Ali - réélu en 1999 et aujourd'hui âgé de 65 ans - de prétendre à au moins deux nouveaux mandats de cinq ans.

La nouvelle constitution tunisienne prévoit également que le chef de l'Etat bénéficie désormais d'une immunité pénale pour tous les actes accomplis durant et après ses fonctions. Du sur mesure pour celui qui est depuis longtemps accusé d'avoir mis le pays en coupe réglée.

" Ben à vie ", comme le surnomment déjà certains opposants, renforce ainsi un peu plus son emprise sur la Tunisie. Quant aux dirigeants français, ils continueront à voir dans ce régime un partenaire et un allié privilégié dans cette région du monde, fermant les yeux sur la répression exercée contre toute forme d'opposition ou de résistance, ainsi que sur les centaines de prisonniers politiques qui croupissent et sont souvent torturés dans ses prisons. Les affaires sont les affaires...