Quelle-Saran (agglomération orléanaise) : Une grève pour les salaires et la dignité29/09/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/09/une-1681.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Quelle-Saran (agglomération orléanaise) : Une grève pour les salaires et la dignité

Le site de Saran de la société de vente par correspondance, Quelle, a été paralysé par la grève, du mercredi 20 au mardi 26 septembre. Un piquet de grève a été organisé dans la bonne humeur et avec beaucoup de soutien de la part des familles et des employés retraités. Plus aucun camion n'est rentré ni sorti de l'entreprise.

C'est du jamais vu dans cette entreprise de 1 500 salariés. 70 % du personnel, essentiellement féminin, se sont mis en grève. Les raisons de se mettre en colère ne manquent pas. Depuis des mois, les mauvaises conditions de travail se traduisent par une multiplication des problèmes de santé : la station debout, la manipulation incessante des paquets et des catalogues, les rendements trop élevés, provoquent tendinites, problèmes de dos et de cervicales, mais aussi crises de nerfs.

C'est l'annonce dans le journal de l'entreprise que le service du personnel avait pesé en tout " 98 tonnes de salariés " sur le site, qui a fait dire à tout le monde que décidément, la direction nous prend pour du bétail. Trop c'est trop, et c'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase du mécontentement, déjà bien plein.

La direction ayant refusé l'octroi d'une prime de 2 000 F demandée par la CGT, la grève a démarré, pour une question de dignité d'abord, et ensuite pour une augmentation de 500 F par mois pour les plus bas salaires. Il faut dire qu'on a appris entre temps que le groupe Karstadt-Quelle a réalisé 159 millions de francs de profits pour le seul 1er semestre 2000 ! Cela alors que beaucoup d'entre nous ne gagnent que 5 400 F par mois, certaines 6 800 F avec 20 ans d'ancienneté.

Mardi 26 septembre, à l'heure où nous écrivons, la direction a lâché sur une compensation RTT (de 479 à 750 F) pour les CDD, les intérimaires, et les nouveaux embauchés lésés par la loi Robien. Pour les autres, c'est 400 F (soit 5,2 % d'augmentation) que la direction accorde. Sur cette base, les syndicats ont appelé à reprendre le travail.

C'est pour une augmentation générale de 500 F que nous avons lutté et il y a, avec cet accord, toujours une inégalité de salaire entre les anciens et les nouveaux embauchés.

Mais c'était la première grève depuis longtemps, et la première d'une telle ampleur. La grève a permis à des dizaines de personnes de créer ou de renouer des liens fraternels. Et en engageant ce bras-de-fer avec la direction, nous avons retrouvé notre dignité.

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