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Leur société
Metz : Voilé, le christ en croix reste au tribunal
Un Christ en croix dans une salle d'audience, un président de tribunal qui demande à un accusé de dire la vérité pour " mériter le pardon divin "... on se croirait en l'an mil ? Pas du tout, c'est l'an 2000. Au tribunal de Metz.
Le tableau géant de 3,50 mètres de haut sur 1,50 mètre de large représentant un Christ en croix restera bien accroché dans la salle 23 du palais de justice de Metz. Mais, en attendant une décision finale du ministère de la Justice, il sera recouvert... d'un voile !
Voilà le verdict rendu par le président du tribunal à l'issue d'un référendum sur le maintien ou pas de ce tableau, qui a donné une majorité pour le maintien. Mais si l'on a consulté juges, avocats et personnels du tribunal, on s'est bien gardé de consulter les usagers du tribunal qui auraient peut-être émis un point de vue moins réactionnaire.
Cela fait des années qu'un avocat de gauche, Daniel Delrez, militant d'Initiative Républicaine, bataille pour faire décrocher cet insigne religieux d'un lieu où se rend, en principe, une justice laïque et républicaine.
L'affaire avait rebondi en avril dernier lorsque le président du tribunal demanda à un accusé (Francis Heaulme) de dire la vérité pour " mériter le pardon divin ". Cela avait fait scandale et relancé la polémique autour du fameux tableau.
En Moselle, les derniers symboles religieux dans les palais de justice ont été enlevés ces dernières années au gré des travaux ou de la présence de magistrats à l'esprit un peu moins réactionnaire. Il ne reste plus qu'un crucifix en fer forgé à Saint-Avold qu'on ne peut vraiment pas faire passer pour une oeuvre d'art. A Metz, c'est sous ce prétexte, parfaitement hypocrite, qu'il est laissé en place : si c'est bien une oeuvre d'art, sa place est au musée !
La balle est dans le camp du ministère de la Justice qui doit donner son avis sur la question. En février dernier Elisabeth Guigou a fait retirer du palais de justice de Fort-de-France un symbole religieux. En Moselle, elle hésite : les convictions laïques et républicaines de nos ministres de gauche sont à géométrie variable !