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- Lutte ouvrière n°1681
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Leur société
Prix des carburants : Pile, l'Etat et les pétroliers gagnent - face, nous perdons !
" Si le prix de l'essence à la pompe flambe depuis plusieurs mois, c'est à cause de l'augmentation des cours du brut. " Voici ce qu'on nous répète à tort et à travers. Ce qu'il y a d'étrange, c'est que quand les cours du brut étaient au plus bas, on n'a pas vu baisser le montant du plein à la station-service à l'époque. Pourtant le prix du brut était à 12,40 $ le baril en moyenne pendant l'année 1998. Alors où allait la différence ? Essentiellement dans les poches de l'Etat sous forme de taxes et chez les compagnies pétrolières.
D'après les chiffres publiés par le ministère des Finances, si l'on suit l'évolution du prix hors taxes du litre de super sans plomb 95, celui-ci était de 1,34 F en 1992, 1,11 F en 1995, 1,13 en 1998 et est revenu à 1,33 F en 1999. Il a donc oscillé entre 1,10 F et 1,35 F. Mais pendant toute cette période, le prix à la pompe n'a pas cessé d'augmenter ; passant de 4,99 F en 1992 à 6,26 F en 1999. La raison : les taxes, en particulier la TIPP, ont augmenté, sur décision des différents gouvernements, en moyenne de 20 à 30 centimes par an.
Cette année n'a pas failli à la règle : sur un litre de super sans plomb à 7,27 F, on paye 5,06 F de taxes, 13 centimes de plus que l'an dernier. Cet impôt sur l'essence, comme tous les impôts indirects, frappe tout d'abord les plus pauvres. Un salarié gagnant 10 000 F par mois et utilisant sa voiture pour aller travailler paye en moyenne davantage d'impôt sur l'essence que d'impôt sur le revenu. La fameuse TIPP a d'ailleurs rapporté cette année 210 milliards de francs, presque autant que l'impôt sur le revenu. Ceux qui défendent cette taxe, sous prétexte de lutter contre l'effet de serre ou contre l'épuisement des matières premières, sont hypocrites : faute de transports en commun peu chers et rapides, l'immense majorité n'a pas d'autre choix que la voiture et donc d'être rançonnée.
Les autres gagnants sont les compagnies pétrolières. En effet, quand le prix du baril de brut était à 12 dollars en 1998, cela correspondait à 45 centimes le litre. Mais les stations service n'ont jamais répercuté cette baisse : les compagnies augmentaient leur marge. Aujourd'hui encore, alors que les cours du brut sont à 35 dollars, sur un litre de sans-plomb 95 à 7,27 F, environ 1,20 F correspondent au prix du brut et un franc au raffinage, transport et distribution. Les compagnies pétrolières sont gagnantes sur tous les tableaux : d'une part sur l'augmentation du cours du brut car, en tant que productrices, elles en sont les principales vendeuses (même si elles versent des royalties ou des impôts aux Etats des pays producteurs), d'autre part sur la marge de raffinage et de distribution. En fait quand les cours du brut augmentent, elles en profitent les premières, quand les cours chutent, elles se rattrapent sur leur marge de raffinage. C'est " pile je gagne, face tu perds ".
Pas étonnant qu'elles annoncent des profits mirifiques cette année.