La population des pays producteurs toujours pillée29/09/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/09/une-1681.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

La population des pays producteurs toujours pillée

Les pays producteurs de pétrole sont aujourd'hui accusés de tous les maux par les dirigeants occidentaux. Par leur volonté de faire remonter les cours le plus haut possible en limitant la production, ils menaceraient l'économie mondiale. Et comble de l'hypocrisie, certains reprochent même aujourd'hui à l'Opep de prendre à la gorge les pays pauvres en accroissant leur facture pétrolière. C'est ainsi que Laurent Fabius, au nom des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales réunis à Prague pour le G 7, a appelé les pays producteurs à baisser leurs prix car " si cette hausse n'était pas inversée, elle aurait des répercussions sur les pays les plus pauvres, les pays consommateurs, et par contrecoup pour les pays producteurs. "

Il faut cependant rappeler que c'est seulement après des années de baisse continue des cours, de 1996 à 1999, que les dirigeants de l'Opep ont décidé de limiter leur production qui n'avait cessé d'augmenter depuis 1990. Il a fallu pour cela que le baril menace de passer en dessous des 10 dollars, alors qu'il valait le double à peine trois ans plus tôt, sans parler de la période plus lointaine où il dépassait les 30 dollars, sans que le prix de l'essence à la pompe n'atteigne les sommets d'aujourd'hui. Car le pétrole brut est vendu avant le raffinage dont les grandes compagnies pétrolières ont le quasi-monopole.

Cela fait donc des années que l'impérialisme étrangle progressivement l'économie de pays producteurs de pétrole comme le Nigeria, l'Algérie ou le Venezuela, comme celle de tous les pays pauvres. Et de toute façon, pétrole cher ou bon marché, la population de ces grands pays producteurs n'en voit guère la couleur.

Au milieu des années 1970, les cours élevés du pétrole n'ont en rien aidé ces pays à sortir vraiment du sous-développement. Au contraire, ce fut la période où leurs dettes commencèrent à s'accroître vertigineusement. Les banques occidentales poussaient les dirigeants de ces Etats à emprunter massivement, dilapidant les revenus du pétrole. Ces emprunts ne servaient que bien rarement à des investissements productifs, et quand c'était le cas quasiment jamais à des projets utiles à la population. Il s'agissait surtout de ce qu'en Afrique on appelle les " éléphants blancs ", par exemple cette usine sidérurgique achetée à l'Allemagne par le Nigeria pour 1 milliard de dollars, et qui s'est tout de suite révélée inadaptée au minerai de fer nigérian. Mais encore plus fréquemment, l'argent du pétrole servait en achats d'armement ou en dépenses somptuaires, quand il ne finissait pas directement dans les poches des couches dirigeantes qui le plaçaient sur leurs comptes dans les banques suisses. D'une manière ou d'une autre, cela retournait donc dans les pays impérialistes. La population n'en avait que des miettes, qui lui permettaient parfois d'être enviée de celle des pays voisins dépourvus de pétrole, mais jamais de sortir vraiment de la pauvreté.

Mais quand le prix du pétrole dégringola, ce fut pourtant à ces populations que l'on réclama le remboursement de ces milliards de dollars empruntés dont ils n'avaient jamais vu la couleur. Comme partout dans le Tiers Monde, les experts du FMI imposèrent des plans de réduction des subventions aux produits alimentaires et des budgets sociaux. Les révoltes de la population furent noyées dans le sang, comme au Venezuela ou au Nigeria en 1989. Et ces dix dernières années, ces pays n'ont fait que s'enfoncer dans la misère. Le service de la dette continue de les étrangler. Au Nigeria, celle-ci est passée de 1 milliard et demi de dollars en 1975 à 18 milliards en 1985 et à 34 milliards aujourd'hui. Ces pays doivent importer de l'Occident tous les produits un peu élaborés, que l'impérialisme leur fait payer le prix fort. C'est même parfois le cas, c'est un comble, de l'essence, comme au Nigeria. Ce pays dépend de ses importations pour satisfaire ses besoins, faute de raffinerie en état de fonctionner !

Ainsi, quel que soit le prix du baril, les peuples de la plupart des pays producteurs vivent toujours dans la pauvreté, de même qu'à l'autre bout de la chaîne les actionnaires des compagnies pétrolières engrangent les profits.

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