Alstom LCA (La Courneuve - Seine-Saint-Denis) : Et licencier, c'est passible de quoi ?29/09/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/09/une-1681.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Alstom LCA (La Courneuve - Seine-Saint-Denis) : Et licencier, c'est passible de quoi ?

Mardi 26 septembre, deux salariés d'Alstom LCA (La Courneuve) étaient traînés devant le tribunal de Bobigny. De quel crime les accusait-on ? Ils avaient osé - rendez-vous compte ! - protester avec leurs camarades de l'entreprise contre le projet de quasi-suppression de leur unité, et leur probable licenciement.

Le groupe Alstom est engagé depuis plusieurs mois dans un gigantesque plan de suppression d'emplois en France et dans le monde, plan qui suscite de nombreuses protestations. C'est dans le cadre de celles-ci que la direction d'Alstom a voulu utiliser l'arme de la répression.

Cet été, le délégué central FO, dessinateur à la Courneuve, a été mis à pied 49 jours jusqu'à ce que l'Inspection du travail refuse d'entériner son licenciement et impose sa réintégration. Mais la direction n'a pas voulu en rester là et a fait appel de cette décision au ministère.

Ë la rentrée, nous apprenions que quatre autres salariés (deux syndiqués FO, un CGT et un CFDT) étaient convoqués, les uns au commissariat et les autres au tribunal. Carrément ! Cette fois, c'est l'huissier de la direction qui se serait senti " menacé " et qui les attaque, au nom d'un article de loi qui prévoit jusqu'à six mois de prison !

Qu'un groupe qui croule sous les commandes réduise néanmoins l'emploi, cela n'est pas illégal : le chiffre d'affaires a augmenté de 15 %, les commandes de 13 %, mais Alstom veut néanmoins supprimer un emploi sur cinq. Qu'un groupe qui croule sous les bénéfices veuille néanmoins licencier, cela n'est pas illégal non plus : les bénéfices ont augmenté de 15 % d'un exercice à l'autre, alors que le précédent était loin d'être déficitaire. Mais que des travailleurs refusent d'être jetés dehors, menacés dans leur emploi, de voir leur vie détruite, et on trouve un article de loi pour les traîner devant les tribunaux.

Cela a évidemment scandalisé les travailleurs qui sont venus nombreux manifester leur soutien à leurs camarades devant le tribunal. Le juge a repoussé l'audience au 16 janvier. Nous verrons bien ce que dira la justice, mais pour nous le cas est tranché : les licenciements doivent être interdits, la direction est coupable.

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