SNCF, transports en commun : Les salaires, c'est l'affaire de tous29/09/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/09/une-1681.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SNCF, transports en commun : Les salaires, c'est l'affaire de tous

La dernière semaine de septembre a été marquée par des mouvements dans les transports parisiens, à la RATP, sur l'application des 35 heures mais aussi sur les embauches et les salaires. Jeudi 28 septembre, c'était au tour des cheminots d'être appelés par l'ensemble des organisations syndicales à débrayer d'abord pour les salaires et ensuite pour des embauches.

En ce qui concerne les salaires, à la SNCF comme dans la quasi-totalité des entreprises publiques et privées, ils ont accusé un recul considérable, depuis que le gouvernement, en 1982, décidait de les bloquer. Il faut en effet se souvenir qu'un an après l'élection de Mitterrand à la présidence de la République, c'est un gouvernement de gauche, dans lequel figuraient quatre ministres communistes, qui décidait du blocage des salaires... blocage qui n'a jamais été levé. Jusqu'à maintenant, dans l'esprit de bien des travailleurs, le problème du chômage et des embauches nécessaires prenait le pas sur celui des salaires. Aujourd'hui, les choses sont peut-être en train de changer. Car à lire et entendre les annonces des résultats mirobolants faits par les entreprises, y compris par la SNCF, il est plus que temps que les travailleurs réclament leur dû, réclament leur part des fruits d'une croissance dont ils sont les principaux artisans.

Le président de la SNCF, Louis Gallois, répète sur tous les tons que l'entreprise est " en croissance " pour le trafic voyageurs (861 millions de voyageurs transportés en 1999 contre 786 en 1996) toutes lignes confondues (trains régionaux, grandes lignes, banlieue parisienne) comme pour le trafic marchandises. Elle est aussi en croissance en matière de résultats financiers. La création du RFF (Réseau Ferré de France) a permis à l'Etat d'éponger les dettes de la SNCF (même s'il n'a fait que les transmettre à ce nouveau RFF justement, constitué tout exprès pour cela, en même temps qu'il recevait la propriété des infrastructures du réseau ferré). Mais surtout, l'amélioration des résultats financiers de la SNCF s'explique par la restructuration et la diminution considérable du nombre de cheminots : 82 000 emplois disparus entre 1989 et 1999... même si, aujourd'hui, Gallois se félicite d'avoir enrayé la chute et augmenté le nombre de travailleurs, de 804 en 1999 et de 2 500 cette année ! C'est bien sûr notoirement insuffisant, d'autant plus qu'entre-temps, le passage aux 35 heures a eu lieu sans être compensé par le nombre d'emplois nécessaire. Rien que pour l'année en cours, les syndicats chiffrent le nombre d'emplois compensateurs à 4 500. On est donc très loin du compte.

Quant aux salaires, parlons-en ! Gallois n'a pas hésité à déclarer : " Je suis convaincu que la croissance doit se traduire en retombées positives pour le personnel " avant de se féliciter que " pour l'année 2000, ces retombées ont déjà été fortes ". Or, en matière d'augmentation de salaires, la SNCF a accordé en tout et pour tout pour l'année en cours, 0,4 % d'augmentation. Est-ce cela des retombées fortes ? Sans compter que les paies de certains cheminots ont subi des amputations avec l'application des 35 heures, en matière de primes diverses en particulier, pour ne pas parler des horaires de travail chamboulés, à la merci des exigences de flexibilité et de rentabilité de la direction.

Alors oui, les cheminots, comme l'ensemble des travailleurs de ce pays, ont toutes les raisons de revendiquer leur dû. Bien souvent, le manque à gagner de toutes ces années est chiffré par les organisations syndicales comme par les cheminots à 1 500 ou 2 000 francs mensuels.

Il est évident que la journée du 28, aussi réussie soit-elle, ne suffira pas pour imposer une telle augmentation et qu'elle ne doit pas être sans lendemain. Pour sa part, la CGT a d'ores et déjà programmé une autre journée de mobilisation, le 19 octobre prochain. Mais c'est loin et puis, a priori, il s'agirait ce jour-là plutôt de protester sur l'entrée de la SNCF dans la concurrence européenne que de monter d'un cran dans la mobilisation pour les augmentations de salaires et pour les embauches.

Alors, il dépend peut-être aussi, avant tout, des travailleurs du rail eux-mêmes que cette journée du 28 septembre ait une suite rapide.

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