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guerre au moyen-orient
Israël : l’impasse d’une politique
Dans la foulée de l’attaque du Hamas le 7 octobre, le Premier ministre, Benjamin Netanyahou, a constitué un cabinet d’union nationale, composé notamment de militaires ou d’anciens militaires. Y siègent l’ancien chef d’état-major Benny Gantz ou le ministre de la Défense, Yoav Gallant, qui a récemment expliqué que les Gazaouis étaient des « animaux humains ».
Le gouvernement constitué avec l’extrême droite nationaliste et religieuse en décembre 2022 existe toujours. Mais, tant que durent les opérations militaires, c’est ce cabinet de guerre qui dirige le pays. Pour rallier l’opposition, l’extrême droite en a été écartée. Ce n’est peut-être pas pour déplaire à Netanyahou, qui retrouve ainsi une certaine indépendance vis-à-vis de ses alliés qui entendaient lui dicter sa politique.
Dans la population, le sentiment qui semble prévaloir est qu’il faut serrer les rangs et cesser la contestation de Netanyahou le temps de faire la guerre au Hamas. Mais c’est précisément cet état de guerre, dans lequel la population israélienne se retrouve plongée régulièrement, qui a favorisé le développement de l’extrême droite.
À ses origines, au début du 20e siècle, le mouvement sioniste présentait la création d’un État juif comme un moyen d’échapper aux persécutions subies en Europe centrale. Après la Deuxième Guerre mondiale et l’extermination de quelque six millions de Juifs d’Europe par les nazis, des centaines de milliers de rescapés affluèrent pour fonder, en 1948, l’État d’Israël. Pour imposer cette création à la Grande-Bretagne qui contrôlait alors la Palestine, les groupes sionistes ne reculèrent d’ailleurs pas devant une violence armée terroriste, y compris pour expulser les populations arabes.
Lors d’une première guerre contre les États arabes, en 1948-1949, l’armée du jeune État chassa de leurs terres plus de 700 000 Palestiniens. Ceux qui vivent aujourd’hui à Gaza sont pour beaucoup les descendants des victimes de ce qui fut une véritable politique de purification ethnique.
Une partie des fondateurs d’Israël étaient issus du mouvement socialiste. Une mythologie a été créée autour des kibboutz, des exploitations agricoles collectives, dont le véritable objet a cependant été de favoriser la conquête des terres, aux dépens des paysans arabes qui y vivaient. Au fil des années, les partis de la gauche dite socialiste ont soutenu toutes les guerres menées contre les Palestiniens, car le socialisme qu’ils prétendaient fonder ne leur était pas destiné. Longtemps dominante dans la vie politique israélienne, la gauche n’a cessé de s’affaiblir au profit des courants ultranationalistes et religieux. Lors des élections législatives de novembre 2022, elle a connu une véritable débâcle, tandis que les partis ultranationalistes progressaient. Ainsi le parti Sionisme religieux est devenu la troisième force politique avec 10 % des voix. La colonisation de la Cisjordanie s’est accélérée, avec le soutien de l’État et de l’armée.
De nouveau aux affaires depuis ce scrutin, Netanyahou a certes été confronté à une importante mobilisation contre sa réforme du système judiciaire, qui voulait réduire les pouvoirs de la Cour suprême, souvent apparue comme un contre-pouvoir face à l’extrême droite. Mais cette opposition n’a pas remis en cause la politique de l’État vis-à-vis des Palestiniens.
Sortir de cet enchaînement sans fin d’affrontements et de guerres nécessitera de rompre avec la logique nationaliste qui a prévalu depuis la fondation d’Israël. Croire qu’il suffit d’avoir l’armée la plus forte est une illusion funeste. Les deux peuples peuvent et devraient vivre en paix en partageant le même territoire. Mais cela n’est possible qu’en reconnaissant les droits nationaux de tous, à commencer par ceux des Palestiniens, et en mettant fin à la politique de spoliation dont ils sont victimes.
Cette perspective est en rupture totale avec celles des gouvernements qui se sont succédé depuis 1948 et qui, en se faisant les instruments de l’impérialisme, ont condamné les populations palestinienne et israélienne à vivre en guerre permanente.