Gaza, un territoire otage18/10/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/10/2881.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

guerre au moyen-orient

Gaza, un territoire otage

Coincée entre la Méditerranée, l’Égypte et Israël, la bande de Gaza est l’une de ces terres prises en étau dans un conflit qui fait peser sur la population un concentré de répression, de guerre et de misère.

Sur 41 km de long et six à douze de large vivent plus de deux millions de Palestiniens, en grande partie réfugiés ou descendants de réfugiés des diverses guerres subies par leur peuple. La densité de la population y est du même ordre que celle d’une ville-État comme Singapour. Mais Gaza n’est pas un État. Gaza est, selon l’image souvent entendue, une prison à ciel ouvert que ses habitants ne peuvent quitter, sous haute surveillance, que par deux points de passage vers Israël, l’un au nord, l’autre au sud, et un vers l’Égypte, à Rafah.

Occupé d’abord par l’Égypte après la déclaration d’indépendance d’Israël en 1948, Gaza a alors accueilli 170 000 réfugiés dans des camps, dont plusieurs ont subsisté en s’agrandissant. Le territoire était censé, dans les accords de l’époque, conclus entre grandes puissances sans consultation des premiers intéressés, devenir une partie du futur État palestinien, regroupé avec la Cisjordanie. Mais la politique des dirigeants israéliens, de gauche comme de droite, a fait de Gaza et de sa population les victimes d’un état de guerre continuelle.

Après qu’un kibboutz y fut installé au tout début, à Kfar Darom, Israël implanta des colonies à Gaza après la guerre des Six-Jours de 1967, certains dirigeants israéliens pensant même en faire une zone tampon pour protéger l’État hébreu en cas de guerre avec les pays arabes situés tout autour. Et en effet, après les premiers avant-postes armés, le territoire, désormais sous occupation israélienne, vit de plus en plus ses meilleures terres se hérisser de colonies.

Occupée 38 ans durant, la bande de Gaza devint le terrain de révoltes populaires, tant la situation devenait moralement et matériellement insupportable, en particulier pour la jeunesse, tant le sentiment d’oppression, le mépris ressenti devenaient explosifs.

L’occupation devenant trop coûteuse et difficile, l’évacuation des 21 colonies fut décidée en 2003, et prit effet en 2005. En 2007, le ­Hamas prit le pouvoir dans le territoire, après des combats contre le Fatah fondé par Yasser Arafat, principale organisation de l’OLP.

Dès lors, sous prétexte de lutte contre le Hamas, les deux millions d’habitants subirent sans discontinuer blocus et attaques guerrières, dont certaines des plus meurtrières. Plomb durci, comme l’appelèrent les dirigeants israéliens, en 2008, fit 1315 morts palestiniens (dont 400 dans les quatre premiers jours) et 13 israéliens. En 2014, ce fut Bordure protectrice, qui tua plus de 2 100 Palestiniens, dont 541 enfants, et 72 Israéliens. Plus de cent mille habitations furent détruites et dix-sept hôpitaux endommagés. Les années récentes virent encore des bombardements, tant et si bien qu’en vingt années plus de cinq mille Palestiniens ont perdu la vie en revendiquant le simple droit à l’existence.

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