Affaire Weinstein : sexe, argent et pouvoir18/10/20172017Journal/medias/journalarticle/images/2017/10/p16_Mecs_piafs_Lupo1.jpg.420x236_q85_box-0%2C462%2C1536%2C1327_crop_detail.jpg

Leur société

Affaire Weinstein : sexe, argent et pouvoir

Depuis la publication le 5 octobre de deux témoignages révélant des agressions sexuelles commises par Harvey Weinstein, un des principaux producteurs d’Hollywood, de nombreuses actrices ont osé à leur tour dénoncer publiquement le fait d’avoir été ses victimes.

Illustration - sexe, argent et pouvoir

Le fait que des actrices célèbres n’aient pas osé parler jusqu’à aujourd’hui en dit long sur la situation de la femme, et pas seulement dans les milieux du cinéma.

À la tête d’une fortune évaluée à 150 millions de dollars, considéré comme l’un des producteurs de cinéma les plus importants des États-Unis, Weinstein était classé parmi les cent personnes les plus influentes du monde par le magazine Time en 2012. Il usait de son pouvoir économique pour imposer un droit de cuissage à des actrices, avec le silence complice de tout Hollywood.

En 2004, une première enquête d’une journaliste du New York Times, l’un des deux journaux qui met aujourd’hui les agissements de Weinstein sur la place publique, était restée sous le boisseau. Pour rompre l’omerta, il a fallu le courage d’une trentaine de femmes, actrices ou employées des sociétés de production.

L’affaire Weinstein fait du bruit car elle met en cause les milieux du cinéma et des actrices connues du grand public. Mais récemment d’autres scandales ont mis en cause des grands patrons de la Silicon Valley pour s’être rendu coupables de harcèlement sexuel à l’égard d’employées de leur société. Le PDG de Uber, Travis Kalanick, a été contraint de démissionner en juin dernier à la suite de 215 plaintes pour « harcèlement sexuel, discrimination et intimidation ».

Les dénonciations des actrices ont encouragé bien des femmes, dans bien d’autres milieux, à faire de même. En France, le 13 octobre, une journaliste a appelé les femmes à raconter sur Twitter un harcèlement sexuel dont elles avaient été victimes en utilisant le hashtag #balancetonporc. En quelques jours, plusieurs dizaines de milliers de femmes ont publié sur Internet des messages évoquant les agressions dont elles avaient eu à se défendre à un moment ou un autre de leur vie professionnelle, venant en général d’un patron ou d’un chef.

Cette « libération de la parole » apporte une moisson de témoignages sur ce que subissent les femmes dans la société d’aujourd’hui. Elles ont toujours à se défendre des violences sexistes, qu’elles soient verbales ou physiques. Et quand elles le font, elles doivent vaincre le poids de la hiérarchie et des préjugés. Celles qui dénoncent leurs harceleurs, dans l’immense majorité des cas, sont mises en difficulté voire perdent leur emploi. Il est bien rare que l’affaire aille en justice et rare aussi que le coupable soit condamné.

Dans le monde du travail, c’est d’abord une lutte pour défendre leurs droits qu’il leur faut mener, en tant que femmes et travailleuses, face à des hommes en situation de profiter du pouvoir que leur donne une société fondée sur l’exploitation.

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