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Elections
La droite et le FN renforcés par le discrédit du PS
Arrivé en troisième position, avec 21 % des voix, le Parti socialiste est le grand perdant du premier tour des élections départementales du 22 mars. Comparé aux 14 % recueillis aux européennes, ce score lui permet de sauver la face mais, absent du second tour dans plus de 500 cantons, il risque de perdre la tête de 20 à 30 départements.
Pour cacher sa défaite, le PS ajoute son résultat à celui de ses alliés, atteignant ainsi 28 %, ce qui lui permet de dire qu’il est devant le FN. Et, pour ne pas se remettre en cause, ses porte-parole accusent la division de la gauche, répétant à longueur de temps qu’avec 37 % le bloc de gauche rassemblé aurait pu faire jeu égal avec la droite. Les responsables du recul de la gauche seraient donc à chercher du côté du PC, des écologistes ou du PG qui ne daignent pas faire voter pour le PS. Le Parti socialiste écœure jusqu’à son électorat le plus fidèle, mais il voudrait encore que les autres partis de gauche fassent voter pour lui !
Ces élections ne font que confirmer que le PS a perdu une fraction de son propre électorat, qui a décidé soit de s’abstenir soit de voter pour d’autres. Quoi qu’il en dise, il paye ce qu’il a semé. Il paye pour ses promesses mensongères, pour les reculs des conditions de vie des classes populaires, pour la casse du Code du travail et le démantèlement des droits sociaux. Il paye le fait de gouverner depuis trois ans au profit exclusif de la grande bourgeoisie.
L’UMP bénéficiaire
À l’opposé, l’électorat de droite s’est mobilisé. Et c’est tout naturellement que l’UMP, alliée avec l’UDI, a fait le plein de ses voix, retrouvant son niveau habituel dans ce type d’élection. Au second tour, grâce au scrutin majoritaire à deux tours et au coup de main du PS qui appelle à voter pour l’UMP contre le FN quand la gauche est absente, la victoire de la droite sera encore amplifiée. On n’a donc pas fini de voir Sarkozy fanfaronner. En apparaissant comme le chef d’une droite qui se relève, il marque des points en vue de la primaire de celle-ci, et nul doute qu’il poursuivra dans sa stratégie droitière consistant à aller chasser sur les terres du FN.
La gauche de la gauche, quelle alternative ?
Quelles que soient les tentatives du PC, du PG et de certains écologistes pour apparaître comme un pôle alternatif au PS, ils ne parviennent pas à attirer les déçus du hollandisme. Dans 448 cantons où le Front de gauche s’est élargi aux écologistes pour tenter un rassemblement de la gauche de la gauche, ses candidats affichent une moyenne de 13 %, mais seuls huit binômes FDG-EELV sont qualifiés pour le second tour.
Le PCF revendique, sous l’étiquette du FDG, un score de 9,4 %. Il parviendra peut-être à conserver les deux derniers départements qu’il dirigeait, mais il n’enraye pas son recul électoral. Ce recul sera d’autant plus marqué en sièges puisque nombre de candidats PC ne sont plus au second tour. Quant à ceux qui pouvaient se maintenir, beaucoup se sont désistés en faveur du PS, au nom de la « discipline républicaine ».
Ainsi, les partis de gauche dans leur ensemble subissent le discrédit du PS. Leur collaboration, leurs alliances avec les socialistes, sans oublier leurs appels de second tour en leur faveur, finissent par les confondre aux yeux de nombre d’électeurs. Leurs tentatives de créer un rassemblement, à l’image de ce qui se passe en Grèce et en Espagne avec Syriza et Podemos, n’aboutissent aujourd’hui à rien.
Le FN, un parti « antisystème » bien dans le système
Avec l’abstention qui continue à être très élevée dans les milieux populaires, c’est le FN qui attire les déçus du PS et de la politique en général. Le FN a recueilli 25 % des suffrages exprimés, même si c’est moins que ce qu’avaient prédit les sondages et même si, du fait du mode de scrutin et des appels au front républicain, il ne peut espérer prendre la tête que de deux ou trois départements. Dans des élections comme les départementales, où l’implantation locale et la prime au sortant jouent beaucoup, c’est une nouvelle démonstration de force.
Que le Front national soit le premier ou le second parti du pays, après l’UMP, ne change rien au fait qu’il a le vent en poupe. Son score dans les cantons et les départements ouvriers est très élevé. Dans l’Aisne, l’Oise ou encore dans le Pas-de-Calais, il dépasse par exemple les 35 %.
Ceux qui, en votant FN, veulent « renverser la table » se trompent. Marine Le Pen et ses amis ne visent qu’à s’inviter à la table du pouvoir. Le FN n’a l’image d’un parti antisystème que parce qu’il est rejeté depuis toujours par les deux partis dominants. Alors même que la gauche et la droite ne se sont jamais gênées pour reprendre à leur compte tout ou partie de ses thèses nauséabondes, ils en ont fait un épouvantail, un parti infréquentable.
Cela permet au FN de se présenter comme le parti de la rupture, alors même qu’il ne conteste en rien l’ordre social qui fait qu’une poignée de bourgeois dominent la vie de millions de personnes, parce qu’ils détiennent le pouvoir sur les grands groupes. Le FN cible la politique du PS et de la droite, mais prend toujours soin de protéger leurs maîtres, les capitalistes, premiers responsables du chômage et de l’appauvrissement du monde du travail.
Loin d’apporter de nouvelles idées, le FN reprend les vieilles idées conservatrices contre les « assistés » que seraient les bénéficiaires du RSA, les chômeurs ou les familles pauvres qui, sans l’aide des municipalités, ne pourraient faire manger leurs enfants à la cantine. Il agrémente ces inepties de nationalisme et de racisme, en sachant que, dans un contexte de recul des luttes et de la conscience ouvrière, cela peut prendre.
L’ascension du FN n’est pas inexorable, elle est le produit de la crise et des déceptions politiques. Le FN s’appuie sur l’amertume, les réactions individualistes, le repli sur soi, la montée du racisme et du communautarisme. Il tire sa force de la résignation, mais celle-ci aura une fin. Face à la crise, les travailleurs n’ont pas encore trouvé la force de se défendre mais ils y seront forcés, car le patronat ne leur laisse pas le choix. Le système capitaliste lui-même les y conduira, car la crise est la démonstration qu’il ne peut pas être l’avenir de la société.
Face à l’impasse sociale et politique actuelle, et au-delà des luttes quotidiennes à mener, il est nécessaire d’affirmer la perspective d’émancipation des travailleurs, celle du communisme. N’en déplaise aux charlatans de toutes sortes, sans exproprier la bourgeoisie, sans renverser le capitalisme, on ne supprimera pas l’exploitation et on ne changera pas le système, et pour cela, il faudra bien plus qu’une élection.