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Leur société
Salaires : les lunettes déformantes des patrons
Reportages à la télévision, gros titres dans la presse, déclarations gouvernementales : chacun y va de son couplet pour prétendre que les salaires auraient augmenté en 2014. Il faut des lunettes très déformantes pour parvenir à distinguer ces hausses. Les statistiques officielles du ministère du Travail parlent d’une augmentation de 0,1 % du salaire brut dans le privé au cours du quatrième trimestre de 2014. Et encore, c’est une moyenne qui a tendance à augmenter mécaniquement, car la plupart des licenciés touchaient de petits salaires.
Tout est fait pour masquer la baisse réelle des salaires, qui s’accélère avec l’aggravation de la crise. Les salaires nets ont encore diminué, ne serait-ce qu’avec la hausse des cotisations retraite au 1er janvier 2015. Combien de travailleurs ont dû accepter des salaires largement inférieurs dès qu’il a fallu retrouver un travail après un licenciement ? Dans les entreprises, les augmentations collectives ont très souvent disparu.
Pour pouvoir parler de hausse du pouvoir d’achat, les statisticiens se basent sur une inflation officielle de 0 % l’an dernier. La situation réelle, les salariés la vivent quotidiennement : le montant des tickets de caisse des supermarchés s’envole ; le niveau de vie s’effondre dans les familles populaires quand il faut vivre sur un seul salaire, calculé sur la base d’un temps partiel, ou encore avec des indemnités de chômage qui se réduisent bientôt au RSA.
Le gouvernement Hollande-Valls voudrait sans doute justifier ainsi les coups portés contre les travailleurs et préparer ceux à venir. L’affichage est le même du côté patronal. Ayant obtenu des baisses massives de cotisations salariales, celui-ci rêve de pouvoir passer à la vitesse supérieure en laminant les salaires.
Cette campagne est une façon d’accuser les salariés d’être responsables de la stagnation économique, de prétendre que le niveau des salaires serait un obstacle à la « compétitivité des entreprises » et qu’il faudrait donc les réduire. Pas question de laisser faire.