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Dans le monde
Vanuatu : la vraie catastrophe, c’est la pauvreté
Le cyclone particulièrement violent qui a frappé le Vanuatu, archipel de 83 îles du Pacifique sud à l’est de l’Australie, dans la nuit du 13 au 14 mars, « sera vraisemblablement l’une des pires catastrophes jamais vues dans le Pacifique », selon des responsables d’ONG.
Selon des témoignages, 90 % des habitations de Port-Vila, la capitale de l’archipel, auraient été endommagées et 15 000 personnes y auraient perdu leur logement. La presse décrit une situation où des communautés entières ont été emportées, où les maisons sont détruites, les arbres tombés, les routes bloquées et où les gens errent dans les rues, cherchant de l’aide.
En raison de la rupture des communications entre les îles – quand de telles communications existent, ce qui est loin d’être toujours le cas – une grande partie des 275 000 habitants de l’archipel sont coupés du monde.
Pour expliquer l’ampleur de la catastrophe, la presse met en cause le dérèglement climatique et le réchauffement de la planète. Il est vrai que la violence du cyclone qui s’est abattu sur cette région du monde était exceptionnelle. Mais ce n’est qu’un aspect. Car ses conséquences pour les populations risquent d’être considérablement aggravées par le manque d’infrastructures en matière de transport, de santé, d’éducation, et par la pauvreté dans laquelle est maintenue la population de cette ancienne colonie qui fut gérée en commun par l’Angleterre et par la France de 1907 à l’indépendance, en 1980.
C’est d’autant plus choquant que, n’appliquant aucun impôt sur le revenu, aucune retenue d’impôt à la source, aucun impôt sur les plus-values, aucun droit de succession et aucun contrôle des changes, l’archipel est aussi un paradis fiscal très recherché. Plus de 2 200 compagnies internationales y seraient actuellement enregistrées. Si les habitants de cet archipel sont parmi les plus pauvres, il sert aussi de refuge aux avoirs des plus riches qui fuient l’impôt, des avoirs qui ne sont nullement touchés par les cyclones.
Ce dérèglement social-là – la pauvreté des uns et la richesse des autres – est pour les populations du monde aussi dévastateur que le dérèglement climatique.