Fonderie du Poitou Saint-Jean Industries -- Ingrandes (Vienne) : L'autre façon d'accroître la « compétitivité »17/10/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/10/une2307.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Fonderie du Poitou Saint-Jean Industries -- Ingrandes (Vienne) : L'autre façon d'accroître la « compétitivité »

Voici tout juste un an, les travailleurs de la Fonderie du Poitou Aluminium s'apprêtaient à terminer une grève de huit semaines contre le plan de leur patron d'alors, Montupet, qui voulait imposer une baisse des salaires de 25 % au nom de la compétitivité.

Après avoir fait capoter le plan Montupet, les fondeurs avaient dû affronter la menace du licenciement pur et simple, à la suite de la mise en cessation de paiement de l'entreprise. Finalement repris en juin dernier par le groupe de fonderies Saint-Jean Industries, après une longue période de mise en redressement judiciaire ponctuée d'actions diverses, les fondeurs sont aujourd'hui confrontés au problème du blocage des salaires et de la détérioration des conditions de travail, sur le fond d'incertitude du lendemain qui caractérise tous les sous-traitants de l'automobile.

En matière de salaire, les patrons ont annoncé début octobre lors des rituelles négociations annuelles que ce serait 0 %... qui s'ajoute, si l'on peut dire, au maigre 0,7 % accordé par Montupet en 2011. Le pouvoir d'achat s'en trouve d'autant plus malmené que 21 jours de chômage partiel sont annoncés en fin d'année.

Les travailleurs ont manifesté leur mécontentement en débrayant massivement à l'appel de la CGT le 2 octobre. Saint-Jean Industries devrait augmenter les salaires et il le pourrait. Le groupe de fonderie rhône-alpin a certes repris la fonderie d'Ingrandes, mais il s'est du même coup ouvert le marché des culasses pour Renault, dans des conditions de productivité qui lui garantissent des profits confortables.

En effet, si la baisse des salaires projetée par Montupet ne s'est pas appliquée, la masse salariale, elle, a été considérablement réduite. Elle a baissé du fait des départs spontanés, des licenciements pour « inaptitude au poste » qui se sont produits depuis deux ans, et du plan de départs volontaires mis en oeuvre lors de la reprise. L'effectif est passé de 600 à moins de 400. La masse salariale a d'autant plus baissé que ces départs concernaient largement les salaires les plus élevés, du fait de la qualification ou de l'ancienneté des partants. Elle a en tout état de cause baissé bien plus que la production, aggravant d'autant les conditions de travail.

Aujourd'hui, l'inquiétude du lendemain pèse, alimentée par le fait que le donneur d'ordres Renault vient d'annoncer une baisse de 30 000 culasses par rapport à ses engagements de commandes pour la fin d'année. L'incertitude règne également en ce qui concerne l'éventuelle production de la culasse pour le nouveau moteur trois cylindres de Nissan, ainsi que pour plusieurs autres engagements de Renault qui devaient à terme permettre d'augmenter la production. Mais, en choisissant de se battre contre Montupet l'an passé, les travailleurs de la fonderie ont dit qu'ils savaient qu'en acceptant docilement la baisse des salaires ils ne garantiraient nullement la pérennité de leurs emplois et que rien ne leur serait acquis qu'ils n'imposent par leurs luttes. Ils continuent à être fiers d'une grève dont l'expérience leur sera précieuse dans les inévitables luttes à venir.

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